Le SIG, vigie du gouvernement pour monitorer l'impact de la crise du Covid-19 dans l'opinion
Il y a les chiffres de Santé Publique France, les avis du Conseil scientifique, mais avant de prendre des décisions sur le plan sanitaire, Emmanuel Macron consulte aussi des indicateurs plus confidentiels.
Les prochaines fois que vous entendrez des membres de l’exécutif sur des plateaux télé ou à la radio, tendez l’oreille. S’il y a des formules comme "l’opinion ne l’accepterait pas", souvent ce qu’il y a derrière, ce sont des rapports fournis par le SIG. SIG, c'est l'acronyme pour Service d’information du gouvernement, une administration rattachée à Matignon et au porte-parolat - Gabriel Attal, donc. Depuis le début de la crise sanitaire, le SIG fournit un baromètre : les mêmes questions, posées semaine après semaine, pour mesurer une tendance, sur telle ou telle mesure.
C’est ce baromètre, qui permettait aux proches d’Emmanuel Macron de dire début mars que le ras-le-bol avait fortement progressé : +13 points en quinze jours. Au même moment, l’enquête du SIG montrait que l’acceptabilité du confinement était tombée pour la première fois sous les 50%. Ces chiffres là comptent dans les prises de décision.
La peur du virus recule
"Actuellement, ces chiffres montrent qu’il y a un chevauchement des sujets sanitaires et économiques", dit un ministre. Que la peur de perdre son emploi prend le pas sur la peur de tomber malade. Une crainte particulièrement marquée chez les jeunes actifs. "Pour eux, c’est la déprime totale", explique le SIG.
Pas de visibilité, "donc pas de projets immobiliers, détaille le SIG, parce que nul ne sait s’il aura la promotion nécessaire pour payer les traites". Les dernières données permettent de comprendre pourquoi le président est si réticent à reconfiner. Pourquoi aussi des ministres - comme Bruno Le Maire lundi sur franceinfo - veulent rassurer sur le maintien des aides économiques.
La conférence de presse "ratée" de Jean Castex
"Les chiffres montrent aussi que la conférence de presse du Premier ministre il y a dix jours était ratée" dixit un conseiller. La conférence où ont été annoncées les dernières mesures de freinage. "Cela a été le point de départ d’une séquence négative dont on n’est pas encore sorti." D’où une reprise en main par le chef de l’Etat, peut-être dans les prochaines heures.
Atttntion toutefois à ne pas piloter la crise aux sondages, met en garde un communicant : "Il faut prendre un minimum de recul par rapport aux données". Et tenir compte, pour prendre le pouls de l'opinion, d’autres capteurs, comme la presse quotidienne régionale (PQR), ou les retours directs des élus. "Nicolas Sarkozy comme François Hollande nous appelaient tout le temps le week-end", glisse l’un des présidents de région, plutôt favorable à l'actuel chef de l'Etat. "Emmanuel Macron ne le fait jamais, je ne sais pas ce qu'il fait, lui, de ses week-ends", tacle le même.
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