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Comment Paris essaye de peser sur l'accord de coalition allemand pour sauver le nucléaire français

Depuis l'Élysée, Emmanuel Macron essaye de peser sur les discussions politiques en Allemagne sur "un accord de coalition" après les dernières législatives. L'objectif de sauver le nucléaire français et les investissements qui vont être engagés dans le cadre du plan France 2030.

Article rédigé par franceinfo - Neila Latrous
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Emmanuel Macron discute avec des travailleurs sur le site de la centrale nucléaire de Civaux, le 17 mars 2016. (Photo d'illustration) (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Cela pourrait s’appeler "Opération sauver le nucléaire." Un haut responsable français le reconnaît d’emblée : "La perspective de la nouvelle coalition allemande ne nous rend pas très optimistes." Depuis 15 jours et les législatives en Allemagne, des discussions ont lieu entre les libéraux, les sociaux-démocrates et les écologistes - les Grünen - pour trouver "un accord de coalition". Des discussions pour dire ce qu’ils veulent faire ensemble, comment avancer, et où sont les lignes rouges. "Le hic, c’est que les Grünen sont très antinucléaires, rappelle un eurodéputé français qui suit de près les négociations. Les sociaux-démocrates ne sont pas fans de l’atome non plus." 

Des discussions avec les libéraux

Cela pose un problème à Paris, où le nucléaire est considéré comme un actif stratégique, tant pour la compétitivité que la souveraineté énergétique. Tant et si bien qu'Emmanuel Macron annoncera mardi 12 octobre de nouveaux investissements nucléaires, dans le cadre du plan France 2030. Imaginez le désastre si quelques jours plus tard, Berlin arrive avec un accord de coalition qui fixe comme priorité de lutter contre l’atome, notamment au niveau européen. Les oppositions s’en empareraient pour dire qu’Emmanuel Macron sera entravé par Bruxelles, qu’il ne pourra pas tenir ses engagements.

L'Élysée doit donc déjouer ce scénario. Comment faire ? En misant sur le troisième acteur des discussions allemandes : le parti libéral. Ce parti se trouve être, ça tombe bien, l’allié d’En Marche au Parlement européen. "Oui, effectivement, on discute avec nos homologues libéraux pour peser sur le contenu de l’accord de coalition", confirme un stratège de la Macronie. "Car si une position pro-nucléaire est inacceptable pour les écologistes, explique un autre, une position anti-nucléaire sera tout aussi inacceptable pour les libéraux."

Macron "ne bougera pas sur le nucléaire", selon un ministre

Cela ne suffira pas à régler tous les problèmes d’Emmanuel Macron. Parce que le partenaire allemand, c’est l’un des cailloux dans la chaussure de Paris. Il y en a d’autres. D’autres pays qui œuvrent contre le nucléaire, pour qu’il ne soit pas inclus dans la taxonomie européenne. La taxonomie, c’est simple : c’est comme le NutriScore pour classer les aliments, du vert au rouge, pour dire si ce qu’on mange est bien ou non. Sauf que la taxonomie c’est pour classer les actifs économiques, bénéfiques ou néfastes pour l’environnement. Et ça aura deux-trois conséquences sur le financement de projets industriels.

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Emmanuel Macron "ne bougera pas sur le nucléaire, explique un ministre important, pour nous, c’est une énergie décarbonée." Depuis Bruxelles, un familier des négociations considère que "jamais, jamais, jamais - il le dit trois fois - l’Elysée n’aura la majorité pour mettre le nucléaire dans la catégorie verte de la taxonomie." Donc pour l’instant c’est l’impasse. Neutraliser la position allemande permet de gagner du temps mais pas de gagner la bataille.

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