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Le mot de l'éco. Le nucléaire : l'un des enjeux de la prochaine élection présidentielle

Le nucléaire, c'est "Le mot de l'éco" du jour. "Nous croyons au nucléaire" a déclaré Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie, jeudi 15 avril. Une petite phrase qui pèse lourd dans la bataille du nucléaire, et dont l'issue pourrait engager la France pendant presque un siècle. Le décryptage de Grégoire Lecalot. 

Article rédigé par franceinfo, Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Cattenom, 17 mars 2021. La centrale nucléaire EDF de Cattenom en Moselle, crachant ses volutes de vapeur d'eau et créant un plafond de nuages au-dessus de la campagne environnante. (Illustration) (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

"Nous croyons au nucléaire" : cette profession de foi a été prononcée jeudi dernier, 15 avril, par le ministre de l’Économie en personne, Bruno Le Maire. Une petite phrase qui pèse lourd dans une grande bataille dont on parle assez peu, pandémie oblige, mais dont l’issue va pourtant engager la France pour quasiment un siècle : c’est la bataille de l’énergie.

Car la France voit arriver le moment de tourner une page, celle du tout nucléaire, dont l’histoire commence à s’écrire dans les années 70, en réaction au choc pétrolier. La génération de centrales construites jusque dans les années 90 commence à vieillir.

Fin février, l’autorité de sûreté nucléaire a validé la prolongation de 10 ans des plus vieilles d’entre elles. Mais compte-tenu des délais de conception, de construction, et des dizaines de milliards d’euros qu’il faut investir, il faut compter 10 à 15 ans pour disposer des équipements. C’est donc dès maintenant que l’État et les filières industrielles concernées se penchent sur l’avenir de la production d’énergie. 

franceinfo : Le nucléaire est donc en concurrence avec d’autres types d’énergies ? 

Grégoire Lecalot : L'énergie nucléaire est en concurrence avec les énergies renouvelables, le solaire et l’éolien surtout, complétés par la production hydroélectrique, les barrages pour faire simple. Et c’est un rapport de RTE, le réseau électrique français – une référence mondiale en terme de gestion électrique  qui jette un pavé dans la mare du nucléaire. Ce rapport dit qu’il est envisageable technologiquement d’arriver à 100% ou presque, de production en énergies renouvelables, à l’horizon 2050. Mais à condition de se lancer sans attendre dans les études et les travaux lourds qui permettraient de monter un réseau sécurisé.

Un réseau sécurisé garantirait en permanence l’approvisionnement électrique, puisque contrairement à une centrale, le solaire et l’éolien ne produisent pas à la demande. Ce n’est pas nous qui décidons du vent ou de l’ensoleillement. Ce rapport a été salué par les opposants au nucléaire, à commencer par la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili. Mais pas de commentaire du côté de Bercy ou de l’Elysée. 

Et ce silence est une bonne nouvelle pour la filière nucléaire ?

Oui, d’autant qu’en plus de son credo nucléaire, Bruno Le Maire a signé, jeudi 15 avril, la création d’une université des métiers du nucléaire. Et fin décembre, Emmanuel Macron a également fait part de ses convictions en faveur de l’atome.  Ce qui est en balance, c’est donc soit de se lancer dans le 100% énergies renouvelables, soit dans un programme de construction de 6 nouveaux réacteurs nucléaires EPR, pour arriver à une production moitié nucléaire en 2035, au lieu de 70% aujourd’hui.

Emmanuel Macron a repoussé la décision après la mise en service du premier EPR à Flamanville, dont le chantier traverse bien des difficultés. L’avenir du nucléaire sera donc un des enjeux de la prochaine élection présidentielle.     

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