Le brief éco. Vendre son temps disponible aux jeunes pousses, un concept encore mal encadré
Le "time-funding" connaît une croissance importante en France. Du temps et des compétences investis dans des start-up : le concept est encore mal encadré sur le plan juridique et social.
Le temps c’est de l’argent. Illustration parfaite avec un nouveau concept qui fait de plus en plus d’adeptes en France : le "time-funding" (time pour "temps", funding pour "financement"), du temps et des compétences investis dans les jeunes pousses. Le concept est encore mal encadré sur le plan juridique et social.
On connaissait le crowdfunding (l’économie participative). Le timefunding est le même principe, mais avec le temps de travail. Les start-up en sont friandes. Ce système permet à chacun, en fonction de ses compétences ou de ses centres d’intérêt, d’investir son temps dans de jeunes pousses pour en accompagner la croissance tout en étant payé plus tard, selon un échéancier prédéfini.
Seulement voilà, ce concept n’est pas encore suffisamment encadré sur le plan juridique, législatif ou social. D'où cet appel lancé aux candidats à l’élection présidentielle dans le Parisien/Aujourd’hui en France lundi 10 avril par une jeune chef d'entreprise, Elodie Hugues. C’est l’opération #MoiEntrereneur à laquelle s’associe franceinfo jusqu’à l’élection présidentielle.
Le "timefunding" peut-il être considéré comme une activité à part entière ?
Elodie Hugues a cofondé The Timefunding Company en septembre 2016. Elle a commencé son activité en janvier, emploie déjà plus d’une dizaine de personnes et génère entre 10 000 et 15 000 euros de chiffre d’affaires annuels.
Concrètement, aujourd’hui, le "timefunder" doit financer son investissement en facturant son prêt de temps. Généralement, le "timefunder" est un micro-entrepreneur. Il est donc taxé deux fois : un impôt sur sa micro-entreprise et un autre sur le salaire qu’il se prend sur cette activité. Compliqué pour des entreprises en devenir.
Prêter du temps, comme on prêterait de l'argent, une nouvelle forme d'investissement
Elodie Hugues propose de calquer la fiscalité du prêt de temps sur celle du prêt d’argent, comme pour les plate-formes de finance participative. Plus qu’une simple activité qui participerait à la lutte contre le chômage, le timefunding doit être considéré aussi comme une nouvelle manière d’investir dans les start-up. De nombreuses jeunes entreprises qui se montent ont besoin de compétence sans avoir forcément les moyens de se les payer. L’occasion également, pour ceux qui rêvent d’entreprendre, de mettre un pied à l’étrier, pour d’autres, de transmettre un savoir faire.
Comment transformer une compétence en produit financier ? Tout simplement en récompensant une prise de risque. Le risque pour lequel on a une aversion certaine aujourd’hui en France alors que notre économie est perpétuelle mutation.
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