Le brief éco. Taux d’intérêt : vers une autre guerre économique États-Unis-Europe ?
Après les taxes douanières, notamment sur l’automobile, les taux d’intérêt vont-ils devenir le facteur déclencheur d'une nouvelle guerre économique entre les États-Unis et l’Europe ? Les dernières déclarations du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, ont énervé Donald Trump.
Branle-bas de combat à Washington mardi 18 juin, en fin d’après-midi : Donald Trump convoque en urgence une réunion monétaire de la Fed, la réserve fédérale américaine. Objet de la pression : la déclaration de Mario Draghi expliquant que la BCE n'hésiterait pas à agir si la conjoncture l'exigeait, à travers une baisse de taux d'intérêt ou une reprise du programme de soutien direct à l’économie européenne.
Impact immédiat
Les propos de Mario Draghi ont eu pour effet immédiat de faire passer le taux d’emprunt à dix ans de la France, pour la première fois de son histoire, en dessous 0%. En période d’incertitude économique, les investisseurs se replient sur des valeurs sûres. Aujourd’hui, ils considèrent la dette française comme un investissement sûr, car la France a une bonne image du client qui rembourse. On va donc lui prêter à des conditions avantageuses, dont des taux d’intérêt négatifs. C'est-à-dire qu'au lieu de faire payer des intérêts à son client, l’investisseur accepte de perdre un peu d'argent. L'investisseur paie pour prêter. Le paradis.
Jeu pervers
L’avantage pour la France, c’est qu’à ce prix, rembourser sa dette ne lui coûte rien. Mais attention. Que va-t-il se passer quand les taux vont remonter ? La partie de plaisir sera moins joyeuse pour l’agence France Trésor, qui gère la dette de Paris sur les marchés. Et puis, il y a un effet pervers. Celui de se reposer sur ses lauriers en continuant de faire filer des dépenses qui ne coûtent rien à rembourser. C'est tentant, mais très dangereux.
Colère de Donald Trump
Depuis son bureau ovale, à la Maison Blanche, le président américain ne voit qu’une chose : plusieurs pays européens bénéficient désormais des mêmes avantages que la France. L’Autriche et la Suède, notamment, dont les taux sont également passés sous 0 %. Trump a immédiatement tweeté. Il y voit un complot, une manœuvre de la zone euro pour faire baisser le taux de change de la monnaie unique européenne face au dollar et rendre moins cher les exportations européennes. "Avantage injuste, concurrence déloyale", peste Trump qui brandit la menace de mesures de rétorsion.
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