Cet article date de plus de cinq ans.

Le brief éco. Obstiné, interventionniste, à la tête d'un empire industriel : qui était Serge Dassault ?

L'homme d'affaires Serge Dassault, 93 ans, a succombé à une défaillance cardiaque dans son bureau des Champs-Elysées à Paris, lundi. Il était à la tête d'un véritable empire.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Serge Dassault au salon du Bourget, le 23 juin 2017. (ERIC PIERMONT / AFP)

Serge Dassault est mort à 93 ans. Industriel, politique et patron de presse,obstiné et interventionniste, l'homme, à multiples facettes, laisse derrière lui un empire à son image, l’image de son mentor.

Depuis qu'il en a pris la main en 1987 à la mort de son père Marcel, l’empire s’est bâti à l’image de la personnalité du fils, autant reconnue et saluée que vilipendée. Serge Dassault était-il ce patron visionnaire qu’évoque le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, saluant son anticipation de la place des nouvelles technologies dans l’industrie et le développement de secteurs de pointe, ou plutôt cet homme auquel l’ancien Premier ministre Manuel Valls reconnaît s’être souvent opposé, avoir contesté certaines de ses "pratiques", mais avec qui il avait su trouver des chemins  "pour faire avancer notre territoire" ? L’homme que l'on combat d'un côté mais avec qui les compromis semblent incontournables.

Une dimension industrielle très politique

L’empire Dassault s’est forgé au fil de succès industriels et de stratégies politiques proches de tous les pouvoirs, pas seulement en France. C’est ce large et vaste terrain que l’homme d’affaires a continué de surveiller depuis son bureau du Rond-point des Champs-Elysées jusqu’à 93 ans avant qu’une défaillance cardiaque ne l’emporte. C’est probablement l’assurance-vie qu’il laisse à son empire, Dassault Aviation : avoir réussi à se placer au cœur de l’autonomie stratégique de la France. Avec ses Mirage et ses Rafale notamment, Dassault s'est imposé dans la dissuasion nucléaire aéroportée française. Le directeur du Centre d’Etude et de Prospective Stratégique, Loïc Tribot La Spière, l’explique simplement : "L’avion de combat Rafale n’est pas dépendant de technologies majeures étrangères pour sa fabrication." C’est la souveraineté française par excellence. À cet égard, le Rafale est un produit qui correspond aux véritables besoins d’indépendance nationale d’un État comme la France. En somme, l'empire Dassault tel qu’il existe aujourd’hui est l’héritage de l’histoire de la Ve République, un héritage industriel qui semble utile face au monde complexe dans lequel nous vivons aujourd’hui.

Un modèle de management paternaliste

Serge Dassault était présenté comme une personne obstinée, interventionniste en tant que patron de presse, mais avec 18 000 salariés placés au cœur du process industriel. L'année dernière, le groupe a versé 100 millions d’euros en participation et intéressement à ses salariés, 127 millions de dividendes à ses actionnaires. La parité presque parfaite d'un modèle de management demeuré finalement très paternaliste.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.