Le brief éco. Nouvelles routes de la soie : la Chine veut-elle la peau de l’Europe ?
Le président chinois Xi Jinping entame jeudi une visite de six jours en Europe. Trois jours en Italie, avant Monaco puis la France lundi et mardi prochains. cette visite intervient sur fond de polémique autour des "nouvelles Routes de la soie".
Ces "nouvelles Routes de la soie" représentent un vaste programme lancé par la Chine en 2013. Il porte sur le financement d’infrastructures terrestres et maritimes vers le reste de l’Asie, l’Europe et l’Afrique pour plus de 1 000 milliards de dollars (quelque 880 milliards d'euros). Ce projet a nécessité la création d’une banque d’envergure mondiale ancrée en Chine. L’objectif de Pékin est d’ouvrir de nouvelles voies pour relier encore plus rapidement entre elles les grandes économies mondiales, pour affirmer sa puissance face aux Etats-Unis avec qui elle est en guerre commerciale. À travers ces routes maritimes, la Chine veut aussi trouver des débouchés pour son industrie.
Pourquoi le sujet fait polémique
Lors de sa visite à Rome à partir de jeudi 21 mars, le président chinois Xi Jinping doit signer avec les autorités politiques italiennes un accord qui donne à l'Italie un statut particulier de partenaire commercial. L’Italie sera alors le premier pays membre du G7 à signer ce type d’accord. Rome est accusée d’ouvrir une brèche en Europe car, en vertu des traités européens, les décisions de ce genre doivent être prises par la Commission européenne et non indépendamment par les États membres de l’Union. La Commission voit dans cet accord le cheval de Troie de la Chine pour sa suprématie politique et commerciale.
La Chine est déjà présente en Europe
La Chine est propriétaire du port du Pirée en Grèce, elle est très présente au Portugal avec des positions acquises dans l’immobilier, la production d’électricité nationale, les transports aériens, etc. La tactique de Pékin est très claire : elle aide ses partenaires à construire des ports, par exemple. Elle leur prête l’argent et pose des conditions de remboursement telles que les Etats concernés peuvent difficilement rembourser. En cas de non-respect des clauses, la Chine devient propriétaire des infrastructures. Certains y voient des contrats léonins mais cet argument est rejeté par d’autres économistes, estimant que face à la puissance américaine, l’Europe a tout intérêt à considérer la Chine comme un puissant allié. Voilà donc le contexte dans lequel Xi Jinping arrive en Europe. Un climat alourdi par le dossier Huawei : l’équipementier télécom chinois, qui intéresse certains États pour l’installation de l’internet 5G, est accusé d’utiliser son matériel pour permettre au pouvoir communiste chinois d’espionner les grandes nations occidentales. Ne manque plus que le générique et on a un vrai film à suspense.
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