Le brief éco. Nissan au Royaume-Uni : le Brexit-bluff de Carlos Ghosn
Nissan construira bien la nouvelle version de son modèle Qashqaï en Grande-Bretagne, et ce malgré le Brexit. Le patron du constructeur automobile japonais, le français Carlos Ghosn, l’a confirmé jeudi 27 octobre. Ce n’était pas gagné d’avance, Carlos Ghosn y est allé de son coup de bluff.
En septembre, le président-directeur-général de Nissan évoquait la possibilité de renoncer au projet de construction de ce nouveau modèle sur le sol britannique s’il n’obtenait pas de garanties de la part du gouvernement, des compensations aux éventuels surcoûts engendrés par la sortie du Royaume-Uni de l’Europe.
Branle-bas de combat à Londres. Carlos Ghosn a même été reçu par la Première ministre Theresa May dans sa résidence du 10 Downing Street et a visiblement obtenu gain de cause. La Qashqaï sera bien produite en Grande-Bretagne. C’est la confirmation du premier gros investissement industriel au Royaume-Uni depuis le vote du 23 juin par le peuple britannique en faveur du Brexit.
Qu’est-ce qui explique ce revirement ?
On ne sait pas ce que Nissan obtenu concrètement. Des assurances sur le niveau de taxes à l’importation que Londres instaurerait sur les pièces détachées qui servent à construire les voitures ? Un éventuel allègement de charges ou d’impôts ?
Le site Nissan de Sunderland inauguré en 1984 dans le Nord-Est de l’Angleterre a construit une voiture sur trois outre-Manche l’an dernier. Le groupe emploie sur place 7 000 personnes et Londres ne peut pas se priver d’une telle manne financière et sociale. Teresa May est probablement en train de lâcher sur le plan économique ce qu'elle ne peut lâcher sur le terrain politique. Cela sent la diplomatie économique de haut vol.
Peut-on parler d’accord gagnant-gagnant ?
Tout le monde s’en sort la tête haute. Cette issue va certainement donner des idées à d’autres industriels pour faire pression sur le gouvernement britannique et obtenir les mêmes garanties que Nissan. Dans le même cas, on trouve AIRBUS qui fabrique les ailes de ses avions outre-Manche.
Une nouvelle fois, Carlos Ghosn a usé de son talent en jouant très rapidement (le patron qui tire plus vite que son ombre). Cet épisode met en évidence la différence entre le temps de l’économie et celui du politique qui, dans le contexte de mondialisation, ont de plus en plus de mal à s’aligner.
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