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Le brief éco. L’État envoie ses informatiques dans les nuages

L'idée de l'utilisation des services de manière totalement dématéralisée pour les ministères et l’ensemble des administrations pour faire des économies est étudiée par l’État qui veut développer dans les trois prochaines années le recours au cloud, au nuage informatique. 

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Le "nuage informatique" symbolisé dans un bureau. (FRÉDÉRIC CIROU / MAXPPP)

L'État veut développer dans les trois prochaines années le recours au nuage informatique, l’utilisation des services de manière totalement dématéralisée pour les ministères et l’ensemble des administrations. L’occasion de faire de nouvelles économies budgétaires.

C’était une promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne pour la présidentielle. Alors que les achats informatiques de l'État représentent aujourd’hui un budget annuel de six milliards d’euros, il s’agit d’optimiser les coûts. L’État a déjà commencé à concentrer son parc de centre de données informatiques, mais le secrétaire d’État en charge du Numérique, Mounir Mahjoubi, qui pilote le chantier, veut faire en sorte que le nouveau système soit opérationnel et accessible à tous les ministères à l’horizon 2019.

Entre économies budgétaires et sécurité

On navigue là dans un océan de données hyper confidentielles qui concernent l’État et des millions de français. Économiser l’argent public est une chose, le faire en toute sécurité en est une autre. Tout est prévu à différents niveaux. Pour les données les plus sensibles des administrations, le gouvernement a fait le choix d’un système de nuage informatique d’État. C’est-à-dire que l’infrastructure sera gérée par l’État lui-même sur des serveurs en nuages qui lui appartiennent et dont il a l’entière maîtrise. Pour les données moins sensibles, l'État aura recours à un cloud géré par un prestataire extérieur mais sur des machines exclusivement dédiées.

Aucune condition de nationalité ne sera imposée dans les appels d’offre. L’opérateur choisi devra quand même être soumis exclusivement au droit français ou européen. Hors de question, par exemple, d’avoir recours à un acteur basé aux Bermudes ou dans tout autre paradis douteux. En revanche, pour les données peu sensibles, les administrations pourront avoir accès à des nuages informatiques publics comme ceux gérés par les géants américains du web ou des Français comme OVH

Espionnite aigüe

Est-on à l’abri d’espionnage ? Le ministère du Numérique assure que toutes les précautions sont prises. Mais il est vrai qu’en ouvrant les portes des données informatiques publiques à des prestataires extérieurs, c’est un peu comme si on prêtait les clefs de la maison à Apple, Google, Amazon ou IBM, qui pourront héberger les données de l’État français. La gestion des nuages informatiques est un business florissant : c’est la branche WebServices qui assure aujourd’hui l’essentiel des milliards de profits d’Amazon. Un autre est sur les rangs : le Chinois Alibaba. Certains crient déjà à un abandon de souveraineté. Pour d’autres, le "nuage" informatique qui passe les frontières apparaît comme une entorse au patriotisme économique.

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