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Le brief éco. Le retard très coûteux du plan numérique haut débit en France

Bien mais peut mieux faire ! C’est, en substance, le message délivré par deux rapports publiés mardi 31 janvier sur l’économie numérique en France. Nous sommes en retard, et cela va nous coûter beaucoup plus cher que prévu.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le plan numérique haut débit a pris beaucoup de retard, en France. Un retard qui risque de coûter 15 milliards d'euros (photo d'illustration) (BRUNO LEVESQUE / MAXPPP)

Le plan numérique haut débit français est très en retard, d'après deux rapports publiés mardi 31 janvier. Le premier émane du cabinet-conseil Roland Berger pour le compte de Google, le second est signé de la Cour des comptes, sans aucun soutien de la part d’un quelconque groupe privé.


Le cabinet Roland Berger a voulu savoir où la France se situait par rapport au reste de l'Europe. Bilan : nous sommes l'un des plus grands - si ce n'est le plus grand - consommateurs de numérique (commerce et musique en ligne), mais la transformation de l’économie est en retard à cause d’infrastructures techniques insuffisantes.


Les sages de la rue Cambon créditent ce constat. Ils estiment que la couverture complète du territoire français internet haut débit fixé à 2022 prendra plus de temps que prévu (2030 est évoqué). Ils estiment également que les 20 milliards d’euros d’investissements publics et privés annoncés lors du lancement du plan en 2013 seront largement dépassés. La facture devrait exploser de 15 milliards d’euros, pour un total final de 35 milliards d’euros.

Plusieurs raisons à ce retard

Selon la Cour des comptes, le dépassement de budget s’explique en partie par le coût du raccordement final de l’abonné, qui n’a pas été pris en compte à l’époque par le gouvernement. On avait bien prévu de faire passer la fibre dans la rue, mais plus rien pour aller jusque dans les maisons... En cause également, la nécessité de réaliser des travaux complémentaires pour raccorder 7 millions de foyers en zone d’initiative publique.

Inquiétude du gendarme des télécoms

Sébastien Soriano, le président de l’Arcep (l'autorité de régulation des communications électroniques et des postes), pousse à la roue pouvoirs publics et opérateurs privés qui hésitent à investir seuls dans certaines zones non rentables.
Dernièrement, il n’a pas hésité à menacer Orange de le contraindre à donner à ses concurrents un accès direct à ses infrastructures pour les aider à se développer et faire avancer les chantiers.

Sébastien Soriano craint surtout que des groupes comme Orange et SFR n’investissent désormais plus dans les médias que dans le développement de la fibre et de la 4G (Orange lorgne sur Canal+, SFR investit et se développe dans les télévisions). Le président de l’Arcep a exprimé ces craintes dans le quotidien américain Financial Times il y a quelques jours.

Déficit du clic

Cette situation créé une double peine pour les particuliers et les entreprises. Pour les entreprises, tout retard du numérique c’est un retard de développement. Difficile de lever des fonds importants et beaucoup de mal à s’exporter... Le déficit du "clic" dans notre balance commerciale, en quelque sorte.

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