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Le brief éco. Le pantouflage, nouvel outil managérial du gouvernement ?

Le pantouflage est très tendance chez les hauts fonctionnaires, une technique qui permet de faire carrière dans le privé.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Gérald Darmanin, ministre des Comptes publics à l'Elysée (Paris), en février 2018. (AURELIEN MEUNIER / GETTY IMAGES EUROPE)

Et si le gouvernement favorisait ce que l’on appelle le pantouflage, cette technique qui permet aux fonctionnaires de faire carrière dans le privé ? C’est la question que l’on se pose à la lecture d’un document présenté mardi 27 mars aux syndicats de la fonction publique.

Le pantouflage est très tendance chez les hauts fonctionnaires. Une carrière dans les hautes sphères de l’administration ou des ministères permet de se constituer un carnet d’adresses très intéressant et de maîtriser toutes les arcanes du pouvoir. C'est une richesse inestimable pour les entreprises privées qui veulent développer leurs business et ont les moyens de débaucher à prix d’or ces anciens agents de l’État.

Des dérogations envisagées

Le principe de la mise en disponibilité permet à un agent de l’État de quitter temporairement la fonction publique sans démissionner. Mais le fonctionnaire n’est alors plus rémunéré par son administration et ne bénéficie plus de ses droits à l’avancement. Ce qu’envisage l’exécutif, c’est d’introduire dans le statut des trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière) une dérogation permettant au fonctionnaire qui part dans le privé de conserver ses droits à l’avancement pendant cinq ans maximum. Et s’il revient du privé vers le public, il verra son expérience, acquise à l’extérieur, valorisée dans sa carrière administrative.

Une petite révolution

C’est une rupture des codes mais il faut faire passer la pilule du plan de départs volontaires des fonctionnaires, annoncé début février par le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, et qui avait soulevé un tollé général. La nouvelle proposition devrait être introduite dans le projet de loi "pour la liberté de choisir son avenir professionnel" qui sera présenté, en principe, en Conseil des ministres fin avril. Cette question de la mobilité des fonctionnaires figure dans le calendrier de discussions avec les syndicats qui démarre jeudi 29 mars.
Sur le fond, on a là l’exemple type de la méthode Macron pour mener les réformes : la charge lourde en premier, puis la mesure adoucissante sortie des cartons de Matignon pour adoucir les discussions. Avec, au bout du compte, l’espoir que certains fonctionnaires, tentés par l’aventure, trouvent une nouvelle orientation de carrière dans le privé, permettant d’alléger le poids de la masse salariale dans l’administration et contribuer au plan d’économie de la dépense publique.

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