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Le brief éco. L’Allemagne promet une baisse d’impôts de six milliards d’euros

Les allemands vont voir leurs impôts baisser de plus de six milliards d’euros en 2017 et 2018. C’est le résultat d’un accord intervenu entre conservateurs et sociaux-démocrates, partenaires au sein de la coalition au pouvoir à Berlin. Les annonces de baisses d’impôts sont décidément à la mode.

Article rédigé par franceinfo, Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Angéla Merkel, Chancelière allemande. (JOHN MACDOUGALL / AFP)

S’il y a un point commun entre les dirigeants politiques européens en ce moment c’est de préparer le terrain en période électorale. L’Allemagne n’échappe pas à la règle. Angela Merkel pense déjà aux importantes élections législatives prévues dans son pays entre octobre et août 2017.

Les impôts sont un levier important sur le plan psychologique et concret pour le contribuable sur le plan économique. L’Allemagne est confrontée, elle aussi, au ras le bol d’une partie de l’opinion et à une poussée du nationalisme.

En France, la baisse d’impôts prévue ne dépassera pas un milliard en 2017. La différence est de taille

Les deux pays sont dans des situations différentes. En 2017, la chancellerie allemande prévoit un budget en équilibre, voire en excédent, pour la troisième année consécutive. Après ses efforts en matière de finances publiques, l’Allemagne n’aura pas besoin d’emprunter. Sa dette n’augmentera donc pas, et celle  qu’elle rembourse aujourd’hui sur les années passées bénéficie de taux d’intérêts négatifs. Les investisseurs prêteurs lui font confiance au point d’accepter de perdre de l’argent en échange.

L’Etat allemand paie aussi moins d’intérêts car le poids de sa dette s’est réduit : 68% du PIB en 2016 – Dix points de moins qu’en 2012.

Les finances publiques allemandes présentent un solde positif – 9,5 milliards d’euros dégagés au premier trimestre 2016 – grâce notamment à une hausse des recettes fiscales. Le pays est pratiquement en situation de plein-emploi et les salaires ont augmenté, permettant de collecter plus de cotisations sociales. Cela vient gonfler les caisses publiques.

Rien de cela pour la France

La France aussi rembourse sa dette à taux zéro. Mais une dette nettement supérieure (98% du PIB contre 68% en Allemagne). Concrètement, quand notre économie produit 2 200 milliards d’euros de richesses, nous remboursons une dette de 2 100 milliards.

Le tout couronné par une croissance plus faiblarde. Jeudi 6 octobre, l’INSEE a encore baissé sa prévision pour 2016 : 1,3% au lieu d’1,6% prévu. 0.3% d’écart, si les prophéties de l'INSEE se réalisaient, cela ferait entre quatre et six milliards d’euros en moins pour l’économie, dont la moitié pour les caisses de l’Etat.

Donc deux situations diamétralement opposées. Si ce n’est qu’une nouvelle fois, les marges dégagées par l’Allemagne vont servir. l’Allemagne, en relançant sa consommation intérieure, là où Berlin devrait faire preuve de plus de solidarité vis à vis de ses partenaires européens.

C'est ce que lui demande le FMI mais, visiblement, Madame Merkel n’en a cure. Il est vrai que charité bien ordonnée commence par soi-même.

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