Le brief éco. La politique monétaire de la BCE pénalise l’assurance-vie en France
L’assurance-vie a connu en septembre une collecte nulle. Les épargnants ont déposé autant d'argent qu'ils en ont retiré. Que faut-il voir derrière les chiffres communiqués par la Fédération française des sociétés d’assurance.
L’assurance vie en France représente aujourd’hui un magot de 1 620 milliards d’euros. C'est la somme globale placée par les français sur ce produit d’épargne, toutes catégories socio professionnelles confondues. Dans le détail, en septembre, les cotisations (dépôts) se sont élevés à 9,6 milliards d’euros et les assureurs ont reversé autant à leurs clients, sous forme de prestations d’assurances ou de simples retraits.
Est-ce à dire que l’assurance-vie perd de son attractivité ?
C’est la plus mauvaise performance de l’assurance-vie depuis début 2015. L’effritement est une tendance de fond en raison des taux d’intérêt très bas, voire zéro. C’est l’effet collatéral de la politique menée par la Banque centrale européenne : entretenir de faibles taux d’intérêts pour faciliter le crédit aux entreprises et l’emprunt des particuliers. Mais qui dit faibles taux dit aussi faible rémunération pour les épargnants. On ne peut pas gagner sur tous les plans.
Cette épargne abondante est-elle un atout pour l’économie française ?
L’épargne abondante des français est un atout pour l’économie française, à condition qu’elle soit utilisée à bon escient, en servant notamment à l'investissement. La France sous-investit depuis le début des années 90. Le phénomène est plus largement européen : depuis 2007, l’investissement est en recul de 15% dans l’ensemble des pays européens.
Chez nous, il existe le PEA-PME créé il y a deux ans pour encourager l’investissement dans les PME-PMI – les épargnants peuvent y placer jusqu’à 75.000 euros en bénéficiant d’une fiscalité avantageuse –, mais cela ne fait pas une politique globale.
Comment réorienter l’épargne de manière efficace ?
Il faut recalibrer les trois paramètres de l’épargne : le risque, le rendement et la liquidité. Pour faire simple : on demande aux assureurs d’être capables en permanence de rembourser le capital investi par la clientèle, ce qui empêche la prise de risque. Le gouvernement doit réajuster ce curseur. Le gouvernement doit également inciter l’épargnant à prendre plus de risques et le rassurer grâce à une fiscalité adaptée. Nous n’y sommes pas encore, du moins pas à la hauteur des enjeux.
C’est un vrai chantier pour tous les candidats à l’élection présidentielle qui sont encore trop timides sur cette question.
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