Le brief éco. Grand débat national : plus ou moins d’impôts, pour plus ou moins de services publics ?
A la croisée des questions posées pour le grand débat national, celle de la dépense publique.
Mardi 15 janvier s'ouvre le Grand débat national voulu par le président de la République. Faut-il réduire la dépense publique ? Si oui, comment ? Ces questions sont clairement posées celles listées par le chef de l’Etat dans sa lettre aux Français : quelles sont les économies qui vous semblent prioritaires à faire ? Faut-il supprimer certains services publics qui seraient dépassés ou trop chers par rapport à leur utilité ? À l’inverse, voyez-vous des besoins de nouveau services publics et comment les financer ? Traduction : pour celles et ceux des Français qui voudraient payer moins d’impôts, la balle est dans leur camp.
Au sein de l’Europe, la France est championne de la dépense publique juste devant le Danemark. Elle dépense près de 57% de son PIB (la richesse produite par l’économie sur un an), ce qui représente entre 1 400 et 1 500 milliards d’euros. La moyenne européenne est de 46%, la France est donc dix points au-dessus. En parallèle, il faut rappeler qu’en termes de richesse produite par habitant, la France est le 25e pays de l’OCDE derrière l’Australie, l’Autriche, le Canada, la Finlande, le Royaume-Uni, pour ne citer qu’eux. Champion de la dépense mais pas de production de richesse, l’équation entre recettes et dépenses est compliquée.
Le marché entre les mains des Français
Ce débat sur la dépense publique n’est pas nouveau. Il existera toujours et c’est naturel. Qui refuserait aujourd’hui notre système de remboursement de soins, l'assurance maladie à la française, l’assurance chômage, l’éducation ? On pourrait même dire que si l'on veut être encore mieux formés, mieux assurés, la dépense publique est aujourd’hui insuffisante. Mais il y a une limite car l’augmentation de cette dépense publique est financée par ce que l’on appelle les prélèvements obligatoires (les impôts) ou par de l’emprunt qui génère de la dette et qui est, ni plus ni moins, qu’un impôt différé.
Nous sommes là au cœur de la problématique. En organisant ce grand débat national, en réponse à la colère des gilets jaunes, Emmanuel Macron met le marché entre les mains des Français qui vont devoir répondre. Et ces questions sont très clivantes, elles divisent.
La machine dérape depuis plusieurs décennies. Dès lors, faut-il plus ou moins de fonctionnaires ? Faut-il plus ou moins de couverture sociale ? Une administration plus numérisée, plus décentralisée ? En clair : oui, la dépense publique est incontournable, mais comment l’organiser au mieux dans l’intérêt de chacun ? Comment rendre cette dépense plus efficace ? En mettant cartes sur table, Emmanuel Macron place les Français devant leurs responsabilités. Jusqu’à présent, le président tranchait avec le gouvernement et ses ministres. Place désormais au grand débat national.
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