Le brief éco. Envolée du chômage en août, un paradoxe bien français ?
Le chômage a fortement augmenté en août. +1,4%, 50.200 demandeurs d’emplois supplémentaires. Il faut remonter à janvier 2013 pour trouver d’aussi mauvais chiffres. Pourquoi une telle hausse, alors que l’on parle régulièrement d’une certaine reprise de l’activité ?
Pour expliquer ces mauvais chiffres du chômage, le ministère du Travail invoque les attentats qui ont affecté le secteur du tourisme et de l’hôtellerie. En cause, également des aléas statistiques avec le nombre inhabituellement bas des sorties de Pôle emploi pour défaut d'actualisation. Ces deux explications sont fondées mais ne suffisent pas à justifier la situation. On le voit bien, mois après mois, les courbes évoluent en tôle ondulée. C’est tout le problème.
Une hausse étonnante au regard de la reprise d'activité souvent évoquée
Reprise, certes mais quelle reprise pour la France ? 1,5% de croissance. C’est le seuil autour duquel notre économie ne détruit pas, mais ne créé pas non plus d’emplois. Or, c’est notre croissance aujourd’hui. C’est même celle sur laquelle est construit le projet de loi de finances 2017 qui sera présenté mercredi 28 septembre en Conseil des ministres. Il ne faut donc pas s’attendre à des miracles.
Ces chiffres en tôle ondulée sont le reflet des à-coups de nos politiques économiques : les emplois jeunes et autres contrats d’avenir, qui offrent des débouchés essentiellement dans les services publics ou associatifs, ne sont pas pérennes. Ils font baisser les chiffres un mois puis les regonflent quelques temps après, une fois que les jeunes se retrouvent en fin de mission.
C’est aussi le signe des arbitrages faits par les chefs d’entreprises : avec les taux d’intérêts bas, les choix vont plus vers l’investissement que vers l’emploi. Ce qui n’est pas un mal en soit puisque une entreprise qui peut investir aujourd’hui, c’est une entreprise qui, normalement, embauche à terme.
Une hausse qui contredit une tendance à la baisse
Les chiffres sont impressionnants : chaque jour en France quelque 10 000 emplois disparaissent. Mais il s’en créé autant, voire plus, en parallèle, quotidiennement. Dans le secteur marchand (privé), tous les jours, les entreprises se séparent de collaborateurs mais en recrutent aussi, selon les secteurs, les aléas ou le dynamisme de telle ou telle branche.
Quand on regarde les chiffres d’Eurostat sur 2014/2015, la France a créé 57 000 emplois. Donc solde positif, mais bien moins que l’Espagne, l’Allemagne ou l’Italie. Beaucoup d’emplois ont été détruits dans ces pays pendant la crise mais, à force de réformes et de politiques adaptées, les embauches y sont réparties.
Une hausse structurelle
Outre les questions de formation, la faible création d’emplois dans l’hexagone trouve son origine dans le poids des coûts salariaux et… l’inadaptation de notre industrie. La question des charges n’est pas seule responsable. Nous n’avons pas de problème de demande mais d’offre. Nous fabriquons trop cher des produits moyen/bas de gamme, beaucoup moins compétitifs par rapport à certains de nos voisins européens.
C’est un vrai sujet pour les candidats à la présidentielle de 2017. Comme ça l’est malheureusement, à chaque élection, depuis une trentaine d’années.
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