L’Italie va surtaxer ses banques, l’onde de choc gagne l’Europe

L’Italie va surtaxer ses banques, une annonce surprise du gouvernement de la très à droite Giorgia Meloni, et l’onde de choc qu’elle crée va bien au-delà des établissements transalpins…
Article rédigé par franceinfo - Vincent Touraine
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
"Intea Bertorello", une banque italienne. (MARCO BERTORELLO / AFP)

L’annonce en plein coeur de l’été de cette taxe exceptionnelle de 4 % sur les “surprofits” des banques italiennes a pris de court les marchés financiers. À la Bourse de Milan bien-sûr, où de grands noms comme Unicredit et Intesa Sanpaolo ont vu leurs actions dévisser de 6 à 8% lors de la séance de mardi, mais aussi ailleurs en Europe, et notamment en France, où Crédit Agricole et BNP Paribas ont respectivement perdu 2,5 et 3% mardi 8 août, du fait de leur exposition au marché bancaire italien. Toutes redoutent l’impact de cette nouvelle taxe, qui, dans le cas des banques italiennes, pourrait amputer leurs bénéfices de 7% en moyenne, selon les experts.

L’Italie tape ses banques au portefeuille 

L’idée du gouvernement italien est de surtaxer la part des profits générés par la hausse des taux d’intérêt, qui bénéficie aux banques, au détriment de leurs clients. Depuis son arrivée au pouvoir, Giorgia Meloni et ses alliés de la Ligue n’ont de cesse de fustiger la Banque centrale européenne pour ses relèvements de taux à répétition. Une politique destinée à combattre l’inflation, mais qui fragilise les ménages en renchérissant le coût du crédit. Car dans un pays comme l’Italie où – à la différence de la France – l’on emprunte surtout à taux variable, les banques peuvent répercuter plus rapidement les hausses de taux de la BCE à leur clientèle, avec à la clé de juteux bénéfices.
Cette taxe sur les “surprofits” des banques, qui devrait durer un an, se veut donc une “mesure d’équité”, destinée à rendre à la population une partie des “milliards” ainsi captés par les banques.
Le gouvernement italien compte en tirer plus de deux milliards d’euros, qui serviront à financer des baisses d’impôts, et à aider les primo-accédants à emprunter.

Une telle surtaxe sur les banques pourrait faire école en Europe 


Cette taxe sur les “surprofits” rappelle le débat récurrent que l’on a en France sur les “superprofits”, notamment ceux des géants pétroliers comme TotalEnergies, mais il ne concerne pas encore les banques, dont les résultats sont plutôt bons – on l’a encore vu au dernier trimestre – mais beaucoup moins spectaculaires que ceux des banques italiennes.
Ailleurs en Europe, l’Espagne montre déjà la voie avec sa taxe sur les revenus exceptionnels des banques, qui pourrait lui rapporter 2,5 milliards d’euros sur deux ans. En Espagne aussi les emprunts se font à taux variables et l’objectif est le même qu’en Italie : soutenir des ménages pénalisés par la remontée brutale des taux d’intérêt.
Cette voie, d’autres pays comme la Hongrie, la République Tchèque et la Lituanie la suivent aussi, alors que la Lettonie y songe très sérieusement. Mais si cette taxation exceptionnelle des banques séduit de plus en plus en Europe, elle n’est pas du goût de la BCE pour qui ces mesures risquent d’éroder les fonds propres du secteur ou encore de raréfier le crédit. Comme quoi chacun voit midi à sa porte.

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