Epargne : pourquoi l’État plafonne à 3% la rémunération du livret A

Le taux de rémunération du livret A reste bloqué à 3%, alors qu’il aurait pu évoluer, à partir du 1er août, comme prévu tous les six mois. Le mode de calcul qui prend en compte notamment l’inflation aurait pu faire monter ce taux de rémunération à 4,1%. Le fait de ne pas bouger est un choix délibéré du gouvernement.
Article rédigé par Emmanuel Cugny
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des livrets A. (DENIS CHARLET / AFP)

La décision peut paraître paradoxale en plein débat sur le pouvoir d'achat. Aujourd’hui, 56 millions de Français détiennent un livret A. C’est un vrai succès populaire, l’argent déposé sur ces livrets est exonéré d’impôts, libre d’utilisation et on peut le retirer quand on veut pour en faire ce que l'on veut. Si on additionne toutes les sommes placées par les Français sur le livret A, on arrive à un total légèrement supérieur à 300 milliards d’euros. Plus de 500 milliards si on ajoute le livret de développement durable et solidaire (LDDS).

Financer le logement social

Une partie des sommes collectées sur le livret A sert à financer le logement social. La Caisse des dépôts et consignations qui gère cette manne entretient ainsi le parc HLM mais, surtout, prête aux bailleurs sociaux qui empruntent pour construire les habitations à loyers modérés. C’est la première explication de l’immobilisme du gouvernement car toute augmentation du livret A entraîne automatiquement une hausse du coût auquel se financent les organismes sociaux. Une hausse de seulement 1% du taux du livret A se traduit par des millions d'euros d’intérêts supplémentaires à payer par les constructeurs.

Consommation et transition énergétique

Aux yeux de l’État, les 500 milliards bloqués sur les livrets sont autant d’argent en moins injecté dans la consommation dont notre économie a aujourd’hui besoin. Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, disait récemment qu'à ses yeux le livret de développement durable et solidaire n'avait "de solidaire que le nom".

En réalité, l’État veut "flécher" cette épargne différemment, la diriger notamment vers l’investissement pour décarboner notre économie. De nouvelles formes de placements sont à l'étude mais l’objectif est de ne pas faire perdre l’épargnant, surtout ne pas lui faire prendre de risques sur ses placements. Inciter à consommer et investir autrement, plus utilement, voilà l’une des raisons du plafonnement à 3% du taux de rémunération du livret A en ce premier août, pour au moins 18 mois.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.