Une enzyme capable de dévorer du plastique en un temps record : comment ça fonctionne ?
Des chercheurs américains ont réussi à mettre au point une enzyme qui s'attaque au plastique et le décompose rapidement.
Cela fait plus de dix ans que les scientifiques explorent la capacité des enzymes pour recycler chimiquement le plastique. Mais la nouveauté ici, c’est la rapidité. Ces chercheurs de l’université d'Austin au Texas ont mis au point une enzyme mutante qui dévore le plastique beaucoup plus vite que les autres. Grâce à l'intelligence artificielle, ils ont en effet repéré cinq mutations génétiques qui permettent à cette enzyme de décomposer le Polyéthylène téréphtalate (le PET), un plastique qui entre dans la composition de la plupart des emballages alimentaires et des bouteilles en un temps record, entre 24 heures à une semaine seulement, alors que dans la nature, il faut plusieurs dizaines d’années pour décomposer ce PET.
Pour cette super enzyme gloutonne du Texas, il faut poursuivre la recherche et développer le procédé à échelle industrielle. Cela peut prendre plusieurs années, mais le recyclage chimique du plastique est un secteur en plein développement et plusieurs industriels ont annoncé l’implantation prochaine d'usines de recyclage enzymatique du plastique PET. Il y a notamment l'américain Eastman, le canadien Loop, et plus près de nous la société Carbios qui prévoit de recycler bientôt avec des enzymes 50 000 tonnes de déchets par an dans son usine de Meurthe-et-Moselle.
Utilisation circulaire
Une fois que le plastique est décomposé par les enzymes, il ne disparaît pas, il est juste décomposé en molécules plus petites, les monomères de base, qui peuvent ensuite être ré-utilisées pour fabriquer de nouveaux objets. C'est un peu comme si on repartait du pétrole pour fabriquer du plastique, mais sans pétrole.
Et c'est tout l'intérêt du procédé, car quand on se contente de recycler le plastique en broyant les emballages, les paillettes obtenues perdent en qualité a la longue. On ne peut pas les recycler indéfiniment. En revanche, ce recyclage chimique lui permettra non seulement de fabriquer une veste polaire avec des vieilles bouteilles en plastique, mais aussi de re-fabriquer des bouteilles en repartant de la même polaire usagée quelques années plus tard.
C’est la promesse d’une utilisation circulaire. Avec plusieurs bémols cependant : cette transformation demande de l'énergie, ce n'est pas neutre et le recyclage enzymatique a surtout été développé jusqu'ici pour le PET qui ne représente que 12% des déchets mondiaux. Il y a donc quand même urgence a repenser notre usage des emballages plastiques.
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