Un rapport détaille pour la première fois la superficie des grands fonds marins
Métaux rares, molécules inconnues… L’intérêt pour les grands fonds marins grandit. Un rapport de la Fondation de la Mer en détaille non seulement la superficie mais précise également les garde-fous à mettre en place pour freiner les appétits des industriels.
La Fondation de la Mer vient de publier un rapport détaillant pour la première fois la superficie des grands fonds, ces zones sous-marines particulières situées au-delà de 1 000 mètres de profondeur. Il y fait noir, la température se situe entre 1 et 4 degrés, la pression y est extrême… À 11 000 mètres, de profondeur, l'endroit de l'océan le plus profond que l'on connaisse, elle équivaut au poids de 1 800 éléphants par mètre cube.
Ces grands fonds sont à la fois inconnus et prometteurs : ils pourraient abriter jusqu'à 10 millions d'espèces vivantes inconnue. Ils sont également riches en métaux rares et convoités, tels que le cobalt, le manganèse et le nickel notamment, qui entrent dans la composition des batteries électriques et qui ont mis des centaines de milliers d'années à se former.
La #JournéeMondialedelaTerre, c'est l'occasion de célébrer les mers et les océans qui recouvrent près de 70% de la surface de la planète.
— Secrétariat d’État chargé de la Mer (@MerGouv) April 22, 2022
Leur exploration est cruciale : mieux les connaître permet de mieux les protéger et de préserver leurs ressources pic.twitter.com/9HalT377xz
La France, plus vaste zone de grands fonds marins
En croisant plusieurs bases de données françaises et internationales, la Fondation de la Mer vient d’établir pour la première fois que 88% du plancher océanique appartient à cette zone des grands fonds marins, soit 500 fois la superficie de la France. Au total, ils constituent 75% du volume de l’eau d’océan. C'est beaucoup plus vaste qu'on pouvait le penser.
Quel est le statut juridique de ces grands fonds ? Il y en a deux : chaque pays contrôle ses activités d’exploitation dans ses eaux territoriales et sa zone économique exclusive. Et dans les eaux internationales, les fonds marins appartiennent au patrimoine commun de l’humanité.
Connaître avant d'exploiter
C’est l’autorité internationale des fonds marins qui délivre les contrats d’exploration. Et face aux appétits industriels, un code minier international est à l’étude. "Peut-être que les médicaments et les antibiotiques du futurs se trouvent dans les grands fonds", avance Sabine Roux De Bézieux présidente de la Fondation de la Mer.
"C’est un patrimoine dont nous sommes responsables pour les générations futures."
Sabine Roux De Bézieux présidente de la Fondation de la merà franceinfo
Face aux enjeux économiques de ces grands fonds, les recommandations du rapport sont donc de compléter les connaissances scientifiques avant de lancer toute exploitation. Pour la Fondation, il faudrait aussi définir des "sanctuaires naturels dans les grandes profondeurs", c’est-à-dire des zones totalement protégées de toute activité humaine.
La France a un rôle pionnier à jouer sur cette question, indique le rapport qui révèle un autre chiffre : notre pays possède la plus vaste zone grands fonds marins, dans sa zone économique exclusive, soit 9,5 millions de km2 de grands fonds, c’est plus que les États-Unis. Un atout unique au monde et une responsabilité environnementale.
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