Pyramides d'Égypte : ces tombeaux antiques longent un ancien bras du Nil aujourd'hui disparu, selon une étude

Cette rivière disparue a sans doute permis d'acheminer les matériaux, et les ouvriers, pour construire les 31 pyramides. C'est le constat dressé par une géomorphologue de l'université de Caroline du Nord.
Article rédigé par Guillaume Farriol
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
La grande pyramide de Khéops ( à droite) et la pyramide de Khafré ( à gauche) dans la nécropole des pyramides de Gizeh, à la périphérie de Gizeh, le 3 mai 2024. (JEWEL SAMAD / AFP)

Mais que font des dizaines de pyramides égyptiennes en plein désert, à plusieurs kilomètres du Nil ? C'est un des grands mystères de l'Égypte antique et la science permet aujourd'hui de répondre à la question. La réponse nous vient d'une étude parue, jeudi 16 mai, dans la revue Communications Earth & Environnement, menée par Eman Ghoneim, géomorphologue, de l'université de Caroline du Nord à Wilmington. 


Le constat de départ est simple : le plus grand champ de pyramides d'Égypte est au milieu de nulle part. Les 31 pyramides vieilles de 4 700 à 3 600 ans sont en plein désert, à quelques kilomètres à l'ouest du Nil. Les monuments s'alignent de la nécropole de Licht, au sud, jusqu'aux trois célèbres pyramides de Gizeh, au Caire. Selon cette étude, ces tombeaux antiques ne sont pas là par hasard et longent un ancien bras, disparu désormais, du Nil. Le fleuve, à la faveur d'un climat bien moins aride, présentait il y a quelques millénaires plusieurs branches, dont celle mise en évidence dans l'étude, baptisée la branche Ahramat, "pyramide" en arabe. C'est cette rivière disparue qui a sans doute permis d'acheminer les matériaux et les ouvriers, pour construire ces 31 pyramides.

Images satellites et carottages


Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont d'abord eu recours aux mesures par radar depuis des satellites, qui ont permis de scanner le sol sous le sable et sous les cultures, ce qui a révélé la présence d'anciens canaux. D'autres mesures au radar, faites cette fois depuis la surface, montrent la présence de sédiments déposés par les eaux. Enfin, des boues-sableuses ont été retrouvées dans des carottages, c'est-à-dire des forages jusqu'à 20 mètres de profondeur. Les scientifiques ont ainsi pu retracer l'ancien canal de 64 kilomètres de long, bordé par les pyramides. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi beaucoup d'entre elles possèdent des chaussées qui menaient jusqu'à des temples au bord de l'eau à l'époque, comme d'anciens ports fluviaux.

Tout cela pourrait mener à d'autres découvertes, selon les auteurs de l'étude. Ce bras éteint du Nil indique un périmètre plus restreint pour mener de nouvelles fouilles. Le cours d'eau asséché pourrait aussi guider les politiques d'urbanisme pour éviter de construire sur d'autres vestiges. Reste que les pyramides n'ont pas livré tous leurs secrets. La découverte confirme que les énormes blocs de pierre pour construire les monuments ont sans doute été acheminés par voie fluviale, mais toujours rien ne nous dit précisément comment ils ont été empilés pour construire ces tombeaux des pharaons.

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