Pêche : "reconnaissance faciale" et filets intelligents pour mieux sélectionner les poissons
C’est inattendu mais la science progresse dans l’identification vidéo des poissons. Et cela devrait permettre à l’avenir de mieux les protéger.
Ça peut faire sourire mais la reconnaissance vidéo d'un poisson par ordinateur n'a, pourtant rien d'évident. Sur une image sous-marine, la luminosité varie, l'eau peut se troubler, et les poissons se cacher derrière des algues ou des rochers...
Cela fait 10 ans que les scientifiques planchent sur le sujet, et des travaux publiés ce mois-ci par des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) de l’école nationale d’ingénieurs de Brest, montrent qu'en entraînant des systèmes d'intelligence artificielle à reconnaître les poissons à la fois sur leurs caractéristiques physiques (forme et couleur) et sur des caractéristiques de déplacement dans l'eau. Il est en effet possible d’apprendre a un ordinateur à les identifier et les classer par espèce ou famille d’espèces. Ces chercheurs ont travaillé sur la base de 700 000 vidéos sous marines montrant 3 000 espèces de poissons. Ils ont entraîné des neurones artificiels à en identifier efficacement une vingtaine.
Les poissons sont sélectionnés
L'objectif est de mettre au point du système comptage vidéo des espèces pour surveiller plus efficacement l'état des populations, par exemple dans des aires protégées, ou, au contraire, dans des zones menacées par les activités humaines. Par ailleurs, en ce moment, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (l’Ifremer) teste un filet de pêche intelligent qui utilise aussi cette reconnaissance automatique des espèces de poissons. Ce filet intelligent pêche uniquement les poissons qu'on est sûr de garder.
Il permet de limiter les prises accessoires car il est équipé d’une caméra sous-marine, explique Abdelbadie Belmouhcine, chercheur à l'Ifremer de Lorient. Celle-ci est couplée à un système d'analyse des images qui a a été entraîné à reconnaître une dizaine d’espèces : notamment les maquereaux, sardines, anchois et chinchard.
Lorsque que le chalut croise un banc de poisson qui n’est pas l’espèce recherchée par les pêcheurs, un système d'ouverture du filet se déclenche pour que ces poissons indésirables ne soient pas capturés. Ce qui permet de faire un tri sous l’eau, et non pas sur le pont du bateau : selon les chiffres de l'organisation mondiale de l'alimentation, 10% des poissons pêchés sont ensuite rejetés en mer, pas toujours vivants. L‘Ifremer espère la mise sur le marché d’un première version de ce filet de pêche intelligent en 2025.
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