Les singes pensent-ils comme nous... quand ils ne font rien ?
En ce pont de l’Ascension, nous parlons du fait de ne rien faire. Avec cette question existentielle : les singes et les hommes pensent-t-il de la même manière lorsqu’ils ne font rien ? Une équipe du CNRS a trouvé une partie de la réponse.
Quand nous sommes au repos sans mouvement et sans activité intellectuelle, à ce moment-là, à quoi pensons-nous ? Nous avons tendance à avoir des pensées d’introspection, de planification, nous nous penchons sur notre relation au monde et aux autres. Mais pas les singes, a priori.
Une équipe internationale de chercheurs impliquant le CNRS a analysé des IRM cerveaux humains au repos, mais aussi des images de trois espèces de primates et ils ont constaté que les zones actives du cerveau ne sont pas les mêmes. Ces singes au repos n'activent pas les connexions du cerveau qui nous permettent, à nous, les humains, d’avoir une pensée abstraite, mais activent davantage une zone qui intervient dans l'orientation auditive et visuelle. Autrement dit, alors que nous pouvons avoir des pensées vagabondes, d'après ces analyses IRM, les singes eux restent bloqués dans l’instant présent dans un repos actif en restant attentifs à leur environnement.
On peut imaginer que c’est pareil chez tous les animaux. Le chien qui a les yeux dans le vide ou le chat qui regarde dehors ne planifient rien. Ils sont juste dans l’instant. Si les animaux pensent, ils n’utilisent pas les mêmes circuits que nous. En tous cas, cette étude est formelle. Le macaque et le ouistiti qui sont pourtant proches de nous génétiquement, eux n’activent pas cette fameuse connexion entre le cortex préfrontal médian et une autre zone qui régule les interactions du cerveau. Or, cette connexion permet la pensée abstraite chez l'homme.
Des avancées sur Alzheimer
Autant d'enseignements qui sont très utiles pour mieux comprendre la maladie d’Alzheimer, selon Marc Dhenain, chercheur au CNRS qui a dirigé ces travaux. Car ces zones de la pensée abstraite chez l’homme sont en général les premières touchées par la maladie. Ce genre d'étude nous permet aussi de mieux comprendre comment fonctionne notre imaginaire, celui qui nous donne quand même un sacré avantage pour anticiper et créer.
Ces travaux confirment en tous cas que notre cerveau humain n'est pas câblé comme celui des animaux et que nous avons une façon différente de voir le monde.
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