Les manchots à jugulaire d'Antarctique dorment en moyenne... 4 secondes !

Ils sont à la Une de la revue américaine scientifique "Science" pour cette performance. Une étude, dirigée par un scientifique lyonnais, révèle que si ces oiseaux sont des maîtres en matière de sommeil fragmenté, ils dorment tout même plus de 11 heures par jour.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une famille de manchots à jugulaire d'Antarctique (photo d'illustration). (imagebroker/David Hosking/Newscom/MaxPPP)

Encore plus fort que les navigateurs et leurs micro-siestes de 15-30 minutes lors des courses à la voile : le manchot d'Antarctique ! Pour une étude [texte en anglais] menée par Paul-Antoine Libourel, chercheur au CNRS de Lyon, les scientifiques ont observé 14 manchots dits "manchots à jugulaire" vivant sur l’île du Roi George en Antarctique. Ils ont installé sur leur dos des électrodes pour identifier le moment où les oiseaux dorment, debout ou couchés. Et ils se sont rendu compte que ces manchots ne dormaient jamais bien longtemps, 34 secondes au maximum et en moyenne 4 secondes. Quand ils sont en mer, il leur arrive même de somnoler sur les vagues, entre deux tentatives de pêcher un poisson.

Ces oiseaux vivent presqu'en continu dans cet état de micro-sommeil puisqu'ils s'endorment environ 600 fois par heure, soit 11 heures et demi de sommeil sur 24 heures. Ces siestes sont plus courtes et plus fréquentes pendant la période de nidification, quand les oiseaux protègent leurs oeufs et leurs poussins. À ce moment-là, une cacophonie règne autour d'eux. L'un des chercheurs résume : "C'est bruyant, puant et bondé". Il faut éviter les attaques d'oiseaux de mer ou les agressions d'autres manchots, les parents doivent alors rester alertes et vigilants en permanence.

10 000 micro-sommeils par jour

Les scientifiques savaient déjà que les oiseaux dormaient de façon plus fragmentée que les mammifères. Ici se pose la question du développement et de la santé des manchots. 10 000 micro-sommeils par jour de seulement quelques secondes, c'est la première fois qu'un sommeil aussi fragmenté est observé chez un être vivant. Selon les scientifiques, les manchots réussissent pourtant tout de suite à tomber dans un sommeil "lent", le sommeil le plus profond. L'humain, lui, n'y parvient pas. Ce sommeil lent mais court est-il reposant, de qualité ? Est-il suffisamment récupérateur ? Il faut encore travailler dessus, explique l'étude. Mais a priori, s'étonnent les chercheurs, les manchots observés dans cette étude semblent être en bonne forme.

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