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Le billet vert. Un Waze de la Méditerranée pour préserver les cétacés

Chaque année, plusieurs dizaines de cétacés sont victimes des bateaux en Méditerranée. Pour préserver ces espèces menacées, plusieurs solutions sont présentées mardi au salon Euromaritime à Marseille, notamment une application de repérage des baleines.

Article rédigé par franceinfo, Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Démonstration de l'application Repcet, le 14 septembre 2017 à bord dy Paolo Lota (Corsica ferries) pour éviter la collision entre les gros bateaux et les baleines. (PATRICK BLANCHARD / MAXPPP)

Entre huit et 40 rorquals sont victimes de collision chaque année en Méditerranée, selon le WWF. Alors pour rémédier à ce problème, il y a dix ans, une application a été imaginée par l'association Souffleurs d'écume. Elle s'appelle Repcet. C’est un peu le Waze de la mer sauf que les marins ne signalent pas les autres bateaux sur leurs routes mais tous les cétacés qu’ils croisent. L'application a été lancée par un ancien commandant de la SNCM, Société nationale de Corse Méditerranée, Fredéric Capoulade, marqué par la collision avec un cétacé il y a 20 ans, alors qu'il faisait la traversée entre Nice et la Corse. L’animal est mort, le bateau a subi une voie d’eau et les passagers sont arrivés avec beaucoup de retard.

Plus de 1 800 signalements mais seulement 39 bateaux équipés

Entre 2017 et 2018, Repcet a doublé le nombre de signalements de baleines, rorqual et autres cétacés avec plus de 1 800 observations transmises au logiciel. Mais pour l’instant, l'application n’équipe que 39 navires français. Pour l’association Souffleurs d’écume qui l'a imaginée, il faudrait qu'elle équipe tous les bateaux qui passent par la Méditerranée, et c’est quand même 30% du trafic maritime mondial. Ces promoteurs comptent donc sur le salon Euromaritime pour sensibiliser encore plus les professionnels de la mer au sujet. Ils espèrent que les commandants de bord des paquebots en verront l'intérêt aussi pour éviter des problèmes pendant la traversée.

Une application qui n'est pas la seule solution

Signaler les cétacés c'est bien, les éviter c'est mieux. Pour cela, il faut aussi ralentir la vitesse des bateaux. Sinon le législateur peut interdire certaines routes maritimes trop proches des zones de reproduction des cétacés, comme c'est le cas dans le Pacifique nord par exemple. Mais comme les armateurs veulent absolument éviter cette contrainte, ils sont de plus en plus nombreux à accepter de réduire leur vitesse à 12 noeuds. Une bonne chose, selon la chercheuse canadienne Kimberly Davies qui a mis au point un système de surveillance des baleines dans le Saint-Laurent. "À 20 nœuds, 100% des baleines percutées périssent, à 10 noeuds leur mortalité tombe à 30%", explique la chercheuse.

Pour les passagers des ferries entre la Corse et le continent par exemple, préserver ainsi la vie des cétacés c’est une heure de plus sur leur trajet mais c'est aussi une heure de plus pour avoir peut être la chance de les observer. Enfin, il n'y a pas que les collisions qui ont un impact sur les cétacés, le bruit est aussi largement mis en cause. Plusieurs solutions existent pour construire des bateaux moins bruyants notamment grâce à des coques et des hélices plus performantes et équipées de membranes élastiques. Là aussi des solutions sont présentées au salon Euromaritime de Marseille.

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