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Le billet vert. L'implantation de Total sur le campus de Polytechnique contestée au nom de l'environnement

L’implantation de la branche recherche et innovation du groupe Total au sein même du campus de Polytechnique à Saclay fait réagir les étudiants et certains anciens élèves.

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Immeuble Total dans le quartier de La Défense à Puteaux-Paris. (MAXPPP)

L'entreprise Total n’est pas la bienvenue à École polytechnique. Une petite révolution dans cette école où les étudiants sont sous statut militaire. Certains contestent l’implantation du groupe pétrolier sur leur campus au nom de l’urgence climatique et de leur indépendance.

C'est le branle-bas de combat à Polytechnique avec déjà trois réunions depuis la rentrée de janvier et la création d’un site internet dissident, "Polytechnique n’est pas à vendre". Aujourd’hui, d’anciens élèves engagés dans la transition énergétique écrivent à la direction de l’école pour lui demander des comptes. L’implantation de la branche recherche et innovation du groupe Total au sein même du campus de Polytechnique à Saclay n’était peut-être pas une si bonne idée que ça. Le groupe pétrolier doit aussi financer une chaire d’enseignement sur l’énergie bas carbone. Mais lors d’un vote organisé par le bureau des élèves le mois dernier, 61% des participants se sont exprimés contre.

Il y a toujours eu des liens entre les entreprises et l'école : une trentaine d’acteurs privés financent aussi des chaires à Polytechnique. Mais ce qui fait débat c'est l'installation par Total d'un bâtiment juste à côté de la cantine des étudiants pour y installer près de 400 salariés. Pour certains, la manœuvre de lobbying auprès d’une école publique qui forme au moins une quarantaine de haut fonctionnaires par an est un peu grosse. D’autant plus que c’est Total et que ses projections d’exploitation de pétrole et de gaz ne permettent pas de rester dans un monde à moins de 2°C d’ici la fin du siècle, comme le réclame l'Accord de Paris, conclu à la COP21. En plus, les dernières déclarations du PDG du groupe, Patrick Pouyanné, la semaine dernière, sur le fait que le débat sur le climat serait "trop manichéen" et que ses actionnaires s’assurent avant tout de "la durabilité des dividendes" n’a pas contribué à les rassurer.

Un gage de modernité, selon la direction de l'école

Il y a bien sûr une question de financement de l'enseignement, pour la direction de l’école qui assure qu’il y aura une charte de bonnes pratiques. Ensuite, les étudiants sont assez brillants pour ne pas se laisser influencer. Enfin, dernier argument, le signe d’ouverture et de modernité de l’école qui accueille un acteur privé comme cela se passe dans les universités américaines.

Mais les élèves n'ont visiblement pas la même définition de la modernité que leur direction. L’an dernier plus de 30 000 étudiants d'universités mais aussi de grandes écoles ont signé un manifeste pour un réveil écologique. Ils déploraient le manque de formation sur le climat dans leurs cursus. Ils voulaient également dire qu’ils n’iraient pas forcément travailler pour les entreprises qui les paieraient le mieux mais aussi pour celles qui prennent en compte l’urgence climatique. Parmi eux, des étudiants des Mines, de l’ENA mais aussi plusieurs centaines de Polytechniques.

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