Le billet sciences. La fin du nucléaire signifie-t-elle la fin de notre indépendance énergétique ?
Cette semaine, dans le cadre de la transition énergétique, la centrale nucléaire de Fessenheim a éteint son dernier réacteur, mais saurons-nous garder notre indépendance ?
Avec près de 70% d'approvisionnement du réseau, le nucléaire est la première source de production et de consommation d’électricité dans l’Hexagone, et nous sommes encore excédentaire. La région du grand Est a su anticiper, puisqu’elle est la troisième région de France en terme d’installations d’énergies renouvelables.
La France bonne élève pour les émissions, mauvaise élève pour les énergies renouvelables
Nous sommes encore excédentaires sur l’année, et pour certains, la fermeture de la centrale de Fessenheim est un signal vers plus d’énergies renouvelables. Pour d’autres, c’est un crève-cœur en terme de pertes d’emplois, même si la région du grand Est a su anticiper.
"Le nucléaire prend beaucoup de place dans les priorités politiques et dans les stratégies d’investissement. Le jour où on décidera de mettre le cap sur les énergies renouvelables, et sur les économies d’énergie, alors on aura tous les moyens à notre disposition pour que la France puisse avoir une électricité 100% renouvelable", souligne Alix Mazounie, chargée de campagne énergie chez Greenpeace.
Les fermetures de Fessenheim et d’autres réacteurs en France ne menacent pas l’approvisionnement du réseau électrique, à condition d’accélérer le développement massif des énergies renouvelables, désormais moins chères que le nucléaire, compte tenu des démantèlements, comme celui de Fessenheim qui, à lui seul, devrait coûter plus d’un milliard d’euros.
En attendant, la fermeture de Fessenheim signifie sur le court terme un drame économique pour 2 000 foyers de la région.
Il y a une perte de fiscalité et une perte financière pour les communes, et il n’y a pas de baguette magique qui va compenser les 2 000 emplois perdus, ni même 1 000, ni même 500.
Claude Brender, maire de Fessenheim
L’état a toutefois promis des dédommagements et devrait participer à la création de nouvelles activités industrielles sur le site décontaminé.
Comment remplacer le nucléaire ?
La grande question est donc de savoir si l’énergie renouvelable peut se substituer au nucléaire, sans faire appel, comme en Allemagne, à des centrales à charbon. La réponse est oui, à condition d’anticiper et d’économiser l’énergie.
Alors est-ce que c’est possible ? Oui, mais à une condition, c’est qu'on ait parallèlement un véritable effort qui soit fait sur la maîtrise de l’énergie, c’est-à-dire sur l’efficacité et la sobriété énergétique.
Thierry Salomon, fondateur et vice-président de l'association Negawatt
Sobriété ne veut pas dire se priver, mais éviter le gâchis, notamment les passoires énergétiques dans les immeubles, le développement de l’internet très énergivore ou encore les charges rapides pour les millions de voitures électriques, qui viendront "biberonner" toutes en même temps.
Les fermetures des centrales nucléaires doivent s’accompagner par des reconversions, peut-être plus facilement que lors des fermetures des mines à charbon, les métiers de la transition énergétique pourraient donc être une des solutions pour des emplois et pour la planète.
"Il y a d’autres outils à notre disposition pour la transition énergétique bas carbone, que ce soit la rénovation des logements, les économies d’énergie, et le développement des énergies renouvelables", précise Alix Mazounie.
L’énergie renouvelable devient compétitive par rapport au nucléaire, mais se pose alors la question du stockage de l’énergie, notamment pour lisser les pics de consommation en début de soirée, et compenser les jours sans vent, ni soleil. La sagesse est dans la diversité, et c'’est ce qu’on appelle le mix énergétique.
Suivre en direct les productions, émissions de CO2 dans les pays européens et l'impact sur le climat pays par pays.
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