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La femme préhistorique reprend sa place

Quelle était la place des femmes à la préhistoire ? De nouvelles études montrent qu’hommes et femmes participaient finalement aux mêmes tâches, comme la chasse. Entre 30 et 50% des chasseurs de gros gibier étaient même des femmes il y a 10 000 ans sur le continent américain. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Photo de la reconstitution de Lucy (à droite) et de son supposé compagnon il y a 3,5 millions d'années.  (AFP)

Fini le mythe de l’homme préhistorique qui chasse le mammouth, pendant que la femme l’attend dans la grotte avec les enfants ! La vision de la société préhistorique, telle qu'on peut la voir dans le film La guerre du feu, est bien écornée par les découvertes récentes, comme par exemple l'étude de Randall Haas, anthropologue à l’université de Californie, publiée dans la revue Sciences advances.

Tout commence avec la découverte près du lac Titicaca au Pérou du squelette d’une jeune fille datant de moins 9 000 ans avant notre ère. Elle était entourée de ses armes : racloirs, pointes, couteaux, projectiles. Il ne s'agit pas d'offrandes, mais bien d'objets de son quotidien. Cette jeune femme était une chasseuse respectée de son clan. L'anthropologue américain a poussé plus loin son raisonnement en regardant, sur toutes les sépultures de chasseurs enterrés avec leur armes en Amérique, combien étaient celles de femmes.  Réponse : 11 sur 27. Il estime que 30 à 50% des humains qui traquaient le gros gibier il y a 10 000 ans étaient possiblement des femmes. 

Les progrès techniques de la science

Il faut dire que la science a fait des progrès pour améliorer aussi les interprétations et comprendre la vie à la préhistoire. La paléontologie nait vers 1822, la technique dite de datation au carbone 14 à la fin des années 1950, ce qui permet de dater les fossiles mais il faut attendre les années 1980 et l’analyse ADN pour avoir plus de détails sur la consanguinité, ou connaître le sexe des fossiles. Les paléontologues se basent donc sur la finesse des os, sur les bassins plus larges chez les femmes pour identifier leur fossile mais ce n’est pas une science exacte. L'australopithèque Lucy, découverte en 1974 en Ethiopie, aurait très bien pu être Lucien.

Les chercheurs se sont parfois trompés : "la Dame rouge", découverte au pays de Galles en 1823 avec un collier autour du cou, était en fait un homme. Et "l’homme de Menton" découvert en 1872 entouré d’offrandes, forcément un dominant respecté, a été rebaptisé "la Dame du Cavillon" une fois mieux analysé en 2016.

Plus de femmes scientifiques en paléontologie

Plusieurs chercheuses comme Claudine Cohen, de l’école des Hautes études en sciences sociales, pensent aussi que les premiers paléontologues étant des hommes, ils ont reproduit une vision patriarcale de leur société alors que les preuves aujourd’hui s’accumulent pour dire que les adultes en bonne santé quel que soit leur sexe étaient les bienvenues à la préhistoire pour la chasse.

La différence de taille entre les phalanges de la main a aussi montré qu'elles étaient aussi des artistes qui ont peint les grottes comme la Cueva de las Manos en Argentine, elles régulaient aussi les naissances avec l'allaitement pour avoir moins d’enfants et partir chasser. C'est plus tard, au néolithique, quand les humains se sont sédentarisés, que plus de différences apparaissent. Physiquement les hommes deviennent beaucoup plus grands, les femmes portent plus de signes de sous-nutrition ou de pathologies.

Dans son livre L'homme préhistorique est aussi une femme, la directrice de recherche au CNRS Marylène Pathou Mathis nous montre que l’époque des cavernes était beaucoup plus égalitaire qu'on ne le pensait et que l'organisation patriarcale des sociétés ne remonte pas aux origines de l'Humanité. 

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