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L'hibernation des ours, un mystère physiologique scruté par les scientifiques

C’est la saison où les ours entrent en hibernation et nous aimerions presque pouvoir faire comme eux. Mais comment mettre son corps au ralenti et pouvoir repartir en pleine forme au printemps suivant ? Des chercheurs tentent de comprendre leur mystère physiologique. 

Article rédigé par Anne-Laure Barral
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un ours des Pyrénées dans la forêt (photo d'illustration). (MAXPPP)

Et si ce matin, on restait sous la couette ? Comme les ours, on ne ressortira que dans cinq à sept mois quand il fera beau. En plus, comme eux, on n'aura perdu que notre graisse et pas nos muscles. C’est cela, le mystère de l’hibernation (ou hivernation) des ours : si eux ralentissent leur métabolisme pendant l’hiver, ils restent légèrement en éveil. Pas comme les marmottes qui, elles, hibernent profondément, en baissant la température de leur corps à 3°C, et respirent à peine. Les ours, eux descendent la température de leur corps de 38 à 32°C et passent de 60 à 6 pulsations cardiaques par minute. Sinon, avec leur centaine de kilos, ils ne redémarreraient jamais au printemps. 

Des chercheurs aux Etats-Unis sur les ours noirs mais aussi en France et en Scandinavie sur les ours bruns tentent de comprendre ce qui se passe dans le corps des plantigrades en hibernation pour réussir de telles prouesses physiologiques. Fabrice Bertile, chercheur à l'Institut pluridisciplinaire Hubert-Curien à Strasbourg, part chaque année en Scandinavie pour faire des examens sur des ours, marqués par un GPS dans leur tanière. Une opération délicate qu'il peut réaliser accompagné par les experts de la capture de grands prédateurs. Pour hiberner, les ours peuvent se mettre simplement sous une souche d’arbre ou être juste recouverts de neige. Il faut donc y aller avec précaution pour ne pas réveiller la bête en l'approchant. Et l'endormir rapidement avec un anesthésiant avant de pouvoir leur faire une prise de sang ou une échographie, par exemple.  

Fabrice Bertile est sur une piste intéressante pour lutter contre la perte des muscles : chez les personnes âgées, chez des patients alités pendant longtemps, des astronautes, des enfants devant leur console. Il l'a trouvée dans le sang des ours : un sérum qui permet de faire grossir des cellules musculaires in vitro. Il faut maintenant trouver quel cocktail de molécules joue un rôle dans ce sérum avant d’envisager un traitement qui grignoterait nos graisses ou qui fabriquerait carrément des muscles.

Un de ses collègues danois, lui, s’est penché sur le cœur des ours. Il a montré une échographie cardiaque d’ours en hibernation à un cardiologue qui lui a proposé tout de suite une greffe pour ce patient... avant de s’avoir qu’il ne s’agissait pas d’un être humain. Comment l’ours fait-il repartir son cœur après des mois pour tout de suite pouvoir dévaler les pentes montagneuses où il a hiberné ? Comment met-il ses reins au ralenti ? Comment recycle-t-il son urine sans s'intoxiquer ? L'ours en hibernation porte en lui de nombreux secrets que les médecins voudraient bien percer pour aider les hommes et les femmes qui en ont besoin, comme les insuffisants cardiaques, les dialysés, etc...

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