Face à la disparition progressive des insectes, les fleurs s’autofécondent

En l’espace de 30 ans, les fleurs des champs ont commencé à s’adapter au déclin des pollinisateurs. Elles se reproduisent davantage toutes seules, mais ce n’est pas une bonne nouvelle.
Article rédigé par Anne Le Gall
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une pensée sauvage. (YVES SALVAT / MAXPPP)

Si l’on compare une fleur de pensée, qui poussait dans les champs en région parisienne dans les années 1990, à cette même variété de fleur qui pousse aujourd’hui au même endroit, les différences sont étonnantes. Physiquement déjà, les fleurs contemporaines sont 10% plus petites. Par ailleurs, en analysant les chromosomes de ces plantes, les chercheurs du CNRS de Montpellier ont aussi réalisé que depuis 30 ans ces plantes avaient de plus en plus tendance à se reproduire toute seules [article en anglais].

Ces chercheurs ont calculé qu’il y avait 27% d’autofécondation en plus parmi ces plantes depuis 30 ans. Enfin, elles produisent aussi 20% de nectar en moins. Les fleurs semblent ainsi s'émanciper des pollinisateur, et comme il n’est plus aussi nécessaire de les attirer, la production de nectar, qui a un coût énergétique pour la plante, est réduite.

Une adaptation inquiétante

Pour parvenir à ce résultat, l'équipe du centre d'écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier a cultivé des graines, collectées en 1990 et 2000, et conservées dans des frigos entre-temps. Ils les ont fait pousser dans les mêmes conditions que les fleurs contemporaines originaires de la même zone géographique et ont pu ainsi comparer l’évolution de ces plantes depuis 30 ans. Une période durant laquelle, d’autres études montrent un effondrement des populations d’insectes, notamment pollinisateurs. Selon une étude allemande qui fait référence en la matière, les trois quarts de la biomasse d’insectes volants ont disparu [article en anglais] des aires protégées au cours des 30 dernières années, victimes de l’agriculture intensive, de la pollution et du changement climatique. 

Les chercheurs ont eux-mêmes été surpris par la rapidité de l'évolution, qui est un cercle vicieux, car en produisant moins de nectar, ces plantes deviennent aussi moins nourricières pour les pollinisateurs, ce qui pourrait encore aggraver leur  déclin. Par ailleurs, autre préoccupation, avec davantage d'autofécondation, le brassage génétique diminue aussi parmi ces fleurs des champs, ce qui pourrait réduire leur résistance et leur possibilité de s'adapter aux changements d'environnement et au  réchauffement climatique. Et à ce stade, on ne sait pas si ces évolutions sont réversibles ou pas .

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