Environnement : des niveaux dangereux de pollution aux médicaments dans un quart des rivières du monde
La pollution par les médicaments touche toutes les rivières de la planète. La plus grande étude mondiale sur cette pollution invisible vient d’être publiée, par 127 chercheurs.
Le constat des chercheurs concernant les pollutions des rivières est préoccupant : on retrouve des traces d’ antibiotiques, d’antidouleurs, d'antidépresseurs, d'antiallergiques ou de bêtabloquants (un médicament pour réguler le rythme cardiaque) dans presque tous les cours d’eau du monde. Plus de 1 000 échantillons ont été prélevés dans les rivières de 104 pays. Aussi bien autour des grandes villes : Delhi, Séoul, New York que dans des villages africains ou perdus en Amazonie. D’autres prélèvements ont été réalisés dans les montagnes du Colorado, en Antarctique et bien sûr en France. Sur 258 cours d’eau analysés, seulement trois sont totalement vierges de résidus médicamenteux : deux en Islande et le troisième dans un village isolé du Venezuela.
Ces médicaments se retrouvent dans les rivières d'abord parce qu'après les avoir avalés – pour nous soigner – nous les évacuons dans les eaux usées. Cette étude montre d’ailleurs que les sites les plus contaminés se retrouvent dans les pays à faibles revenus, n’ayant pas de stations d'épuration performantes, notamment en Amérique du Sud, en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Par ailleurs, dans certains pays pauvres, la pollution provient parfois directement de sites de production de médicaments.
En France, cette pollution médicamenteuse se situe dans la moyenne des pays européens. Mais à l'échelle mondiale, on ne s’attendait pas à avoir autant de traces de médicaments humains dans les cours d'eau, explique l’un des auteurs Arnaud Chaumot, chercheur à l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement, (Inrae). Ce qui est inquiétant, c’est qu’il y a des niveaux d’imprégnation très importants par endroits. Un quart des rivières atteignent un niveau de pollution considéré comme dangereux pour les écosystèmes.
Les conséquences sur l’environnement
Ces molécules restent chimiquement actives, dans l’eau des rivières et donc elles ont des répercussions sur la croissance, la reproduction ou la mortalité des poissons, des algues ou des crustacés. Il existe par ailleurs des interrogations sur l’apparition possible de bactéries résistantes aux antibiotiques, en lien avec cette diffusion de ces résidus de médicaments dans les rivières.
L’urgence est d’agir à la source. Les chercheurs estiment qu’il faudrait optimiser notre consommation de médicaments, la réduire au strict nécessaire pour limiter les déchets et les médicaments périmés. Il y a aussi une possibilité d’agir en développant ou améliorant le réseau des stations d'épuration. Ce sont de gros investissements mais la Suisse fait figure de pays modèle, sur ce point.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.