Crues : multiplier les zones humides permet de limiter les inondations
De plus en plus de communes choisissent de préserver leurs marais pour se protéger des inondations, plutôt que de construire des digues, plus coûteuses à entretenir.
Ce mardi 2 février, 19 départements français sont en alerte face aux crues et de nombreux cours d'eau sortent de leur lit. Ces phénomènes se répètent ces derniers temps, en raison des intempéries, dans les Landes, les Alpes-Maritimes et plus récemment en Corrèze. Et ils risquent d'être de plus en plus fréquents en raison du réchauffement climatique car, si les étés sont plus chauds et plus secs, les hivers sont quant à eux plus doux et plus humides, donc les cours d'eau descendent à la fois très bas et peuvent reprendre parfois leur lit majeur. Alors, pour prévenir les crues et limiter les inondations, le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) travaille avec plusieurs dizaines de communes pour rendre aux cours d'eau des zones humides ou des possibilités de s'étaler.
Près de trois quarts de zones humides perdues depuis les années 60
La commune de la Teste de Buch en Gironde a choisi de remettre en eau ses prés salés, au gré des marées, ce qui lui permet de stocker 37 000 m³ d’eau et ainsi de faire tampon en cas d’inondation. Même décision au cœur du pays de Montbéliard, où la réhabilitation de la zone des Jonchets, une zone humide au croisement de plusieurs cours d'eau, permet de stocker 17 000 m³ d'eaux pluviales. Cela n'empêche pas totalement les inondations mais cela permet de limiter leur intensité et leur fréquence, et d'éviter l'inondation de caves ou les routes coupées en cas de crue décennale.
C'est une sorte de retour à une organisation du passé. La France a perdu 70% de ses zones humides depuis les années 60 et le monde entier, 90%. Elles ont été drainées, asséchées pour en faire des champs ou pour construire des lotissements et des routes. Aujourd'hui, on fait machine arrière. Dans le parc national des Everglades, en Floride, aux États-Unis, certains tronçons d’autoroute ont été construits sur pilotis pour se préserver des inondations et laisser les marais s’écouler librement. Les autorités commencent à se rendre compte que restaurer une zone humide coûte moins chère qu’entretenir une digue. Aujourd’hui, les aménagements de petits parcs, de petit bassin le long de la vallée de la Bièvre en Essonne, préservent les villages des inondations. Dans cette zone, la dernière grande crue date de 1982.
De fait, ces zones sont des éponges : elles absorbent l’eau quand il y en a trop et nous la restitue en cas de sécheresse. En plus, quand il fait chaud, elles rafraîchissent l’air et limitent le bruit en ville. Selon une étude publiée dans Science, faite par des géographes belges et américains, en retenant le sable et les limons des rivières, les zones humides permettent ainsi d’élever le sol et de protéger les littoraux de la montée du niveau de la mer. Elles captent du CO2 avec leurs algues et leurs roseaux, elles filtrent les polluants avant qu'ils ne descendent dans nos nappes phréatiques, elles préservent, certes des moustiques, mais aussi des espèces animales. Pourtant, elles sont assez mal aimées. On se mobilise beaucoup plus pour nos forêts qui brûlent que pour nos zones humides qui s’assèchent, alors qu'elles disparaissent trois fois plus vite que les massifs forestiers.
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