Climat : le Gulf Stream qui sert de régulateur thermique à la planète peut-il s’effondrer … et ce, dès 2025 ?

Une étude publiée dans le magazine "Nature" relance ce débat qui agite la communauté scientifique depuis des années.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Au large des côtes nord-américaines se trouve la partie sud du Gulf Stream, un courant atlantique puissant, chaud et rapide. (UNIVERSALIMAGESGROUP / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL)

Précision importante : ce n’est pas l’ensemble du Gulf Stream qui menace de s’arrêter. Les courants de l’Atlantique générés par la rotation de la Terre et les vents s’équilibrent entre eux et ne vont pas tous s'arrêter. Au sein de ce Gulf Stream, on parle ici des 10% qui remontent vers l’Atlantique Nord pour le réchauffer et réguler le climat mondial. Ces 10% : c’est l'Atlantic meridional overturning circulation (Amoc). Un courant de retournement de l'Atlantique Nord qui ralentit depuis des années à cause du réchauffement et menace de s’effondrer. La controverse est là : savoir si cette bascule aura lieu et quand ! Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) ne donne pas de date. On se demande presque pourquoi cette nouvelle étude a été médiatisée, tant elle brouille les cartes plus qu’autre chose. Si nous en parlons c’est qu’elle éclaire aussi toute la complexité de la recherche sur le climat. Une recherche qui occupe des purs "techniciens" de la mer (ceux qui posent des balises le long de l’océan pour mesurer la réalité par exemple) et des mathématiciens, statisticiens qui font des calculs en connaissent mal – dixit une climatologue – le travail des premiers. Et réciproquement. Ce qui ne les empêchent pas de parler d’une seule voix dans les rapports du Giec.

Dans cette publication Nature, deux statisticiens danois, Peter et Susanne Ditlevsen se disent convaincus "à 95%"  – ce sont des nouveautés de l’étude – que ce courant va disparaitre  "à un moment entre 2025 et 2095" – c’est l’autre nouveauté, la datation. Le plus probable serait 2057. Quand franceinfo a interrogé l’une des spécialistes de l’Amoc, la climatologue Julie Deshayes au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), elle a répondu que "il frôle déjà régulièrement – tous les deux à trois mois – ce point d’arrêt, le fameux point de bascule qui serait catastrophique, mais il se remet à chaque fois en route".

Conséquences terribles sur le climat

Sur le fond, tous les scientifiques, ou presque, s’entendent pour dire que l’effondrement de ce courant aurait des conséquences terribles, amenant des hivers extrêmement froids sur l’hémisphère Nord et des précipitations très perturbées : trop d'eau ou plus du tout par endroit. D'où l'impérieuse nécessité de réduire les émissions de carbone. Mais cette étude n'a pas fini de les faire cogiter. En se plongeant dans le détail, on découvre par exemple le schéma numéro sept qui envisage trois scénarios pour cette bascule. Étonnamment, le plus rapide n’est pas celui où il ferait le plus chaud… Bienvenue dans la complexité de la recherche sur le climat.

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