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Chutes de neige au mois d'août : un phénomène spectaculaire mais pas exceptionnel contrairement aux épisodes de fortes chaleurs

Les images ont fait le tour des médias. Des vacanciers faisant des batailles de boules de neige fin août dans certaines stations des Alpes ou des Pyrénées. Un phénomène certes surprenant mais paradoxalement moins exceptionnel que celui des très fortes chaleurs qui ont traversé la France quelques jours plus tôt.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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De la neige au mois d'Août dans la station de Val Thorens en Savoie. (CAPTURE D'ECRAN TWITTER)

La neige a fait sa réapparition en altitude lors du dernier week-end du mois d’août dans les Alpes et les Pyrénées, un phénomène visible notamment à Val Thorens, l’Alpe d’huez ou Andorre. Il n’est pas exceptionnel d’avoir des épisodes de neige à plus de 2000 mètres d'altitude fin août, indique Météo France. Cela s'est déjà produit et actuellement la dépression “Rea” qui s'est installée, apporte des précipitations sur une zone allant de l'Aquitaine aux Alpes, ce qui engendre des flocons en altitude.

L'épisode de chaleur qui a précédé ces chutes de neige est lui plus exceptionnel. La France a connu, lors de la semaine du 21 au 27 août, ses quatre journées les plus chaudes jamais enregistrées après un 15 août. C'est anormal et l'on peut y voir un impact du réchauffement climatique.

La “science de l’attribution"

Les scientifiques peuvent établir avec certitude un lien entre certains événements météo exceptionnels (comme cette chaleur du mois d’août) et le dérèglement climatique en pratiquant la “science de l’attribution". Cette recherche se développe dans le monde depuis près de 20 ans. La méthode consiste à comparer la probabilité de survenue de certains phénomènes météo extrêmes actuels (canicule, incendie, tempête) à la probabilité de survenue de cet événement météo dans un monde fictif dans lequel il n’y a pas eu de changement climatique. 

Les chercheurs ont créé des modèles de simulation du climat préindustriel, une époque où les émissions de gaz à effet dues aux énergies fossiles ne pesaient pas encore sur l'atmosphère et ils regardent aussi comment des paramètres météo, telles que la température des océans, l'humidité, ou la force du vent ont évolué sur les dernières décennies.

C'est grâce à cette science de l’attribution que des chercheurs du CNRS ont pu confirmer le lien par exemple entre le dérèglement climatique dû aux activités humaines  et de la sécheresse exceptionnelle lors de l'été 2022. Autre exemple, une équipe internationale a pu affirmer, très récemment, que le réchauffement climatique a rendu les incendies de forêt au Canada sept fois plus probables.

Prendre conscience des conséquences

C’est important de pouvoir rattacher avec certitude certains événements extrêmes au dérèglement climatique parce que cela permet de mieux prendre conscience des conséquences et des responsabilités de certaines activités émettrices de gaz à effet de serre. En cas d’inondations ou d’incendie, les victimes peuvent-elles se retourner juridiquement contre de gros pollueurs ? Cette question risque de se poser de plus en plus. De plus ces travaux permettent aussi de mieux anticiper les cyclones, canicules ou inondations dans un climat qui se réchauffe, et donc de mieux protéger les populations. 

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