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Archéologie : le mystère d'une guerrière de l'âge du fer élucidé grâce à une technique de recherche sur les protéines

Les archéologues cherchaient à comprendre pourquoi cette sépulture du 1er siècle avant Jésus-Christ, découverte sur une île britannique, contenait une épée et un miroir.
Article rédigé par Bérengère Bonte
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Chambre funéraire de l'âge du bronze sur l'Île de Scilly (Royaume-Uni). (HERITAGE IMAGES / HULTON ARCHIVE via GETTYIMAGES)

C'est le magazine Sciences et Avenir qui a déniché cette histoire assez incroyable, qui fait l'objet d'une publication scientifique dans le Journal of Archeological science. L'histoire démarre en 1999. Un paysan britannique découvre dans son champ une sépulture vieille de 2 000 ans (1er siècle avant Jésus-Christ). Nous sommes sur l'archipel des Scilly, au sud-ouest de l'Angleterre. Cette sépulture intrigue les archéologues parce que c'est sans doute la plus richement meublée de l’île, révélatrice d'un certain statut mais surtout elle possède des objets funéraires associés aux deux sexes : une épée, un bouclier et un miroir. Alors, homme ou femme ?

Le squelette – ou disons les 150 g qu'il en reste – est trop dégradé pour le savoir. Pour résoudre cette énigme, les Monuments historiques publics décident donc de recourir à la protéomique (un nouvel outil d'archéologie qui explore les protéines). Aucun ADN n’est exploitable mais une protéine l’est : l’amélogénine, trouvée dans l’émail d'une molaire. Elle prend une forme différente selon le sexe biologique. Et donc aucun doute pour eux, il s'agit d'une femme. Sans doute morte jeune, vers 20 ou 25 ans d’après l’usure dentaire.

Défense des îles contre les raids ennemis

Pourquoi cette épée et ce miroir ? Comme l'explique l'équipe britannique et américaine, ces îles se trouvaient sur la route de nombreux conflits et des raids visaient à capturer des femmes ou des enfants pour les vendre comme esclaves à l'empire romain. Et comme l'île comptait très peu d'habitants  (il y a en tout et pour tout 36 tombes), les femmes participaient à la défense. Comme par ailleurs c'est la seule tombe contenant des armes, elle a sans doute joué elle-même un rôle de guerrière, voire de cheffe dans certains raids. Quant au miroir, il surprend d’autant plus que c'est un objet rare dans le sud-ouest de l'Angleterre. La fonction cosmétique apparaît doucement à cette époque, mais l'usage le plus probable serait l'envoi de faisceaux clignotants pour signaler un danger aux îles voisines ou aux navires. À moins qu'il ne s'agisse d'une purification des guerriers à leur retour.

Cette découverte est importante pour les monuments historiques britanniques. Ces femmes guerrières annoncent, selon leur communiqué, l'émergence d'autres comme la reine celte Boudicca qui, au 1er siècle après Jésus-Christ, initiera un soulèvement contre les Romains.

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