Santé avant les examens : attention aux smart drugs !

Avis aux étudiants : prendre des smart drugs vous donnera l’impression d’être meilleur. Mais devinez quoi : ce n’est pas le cas. Ces petites pilules qui aident à rester éveillé, concentré, motivé, et à booster la mémoire, peuvent conduire à un déclin cognitif.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
Publié Mis à jour
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Les smart drugs, prises de façon régulière et soutenue, peuvent réduire le potentiel d'apprentissage, à court ou long terme. (Illustration) (JOHN LUND / STONE RF / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon, à l'approche des examens de fin d'année, nous parle des smart drugs, ces petites pilules censées aider à rester éveillé, concentré, motivé et à booster la mémoire. Le phénomène est mondial, et n’épargne pas la France : ces smart drugs prises de façon régulière et soutenue, peuvent même conduire à un déclin cognitif, et réduire le potentiel d'apprentissage, à court ou long terme.

franceinfo :  En cette presque fin d'année pour les scolaires et les étudiants, qui s'apprêtent à passer leurs examens, vous souhaitez les alerter les étudiants sur la consommation de ces pilules ? Et vous dites : attention ! 

Hervé Poirier : D’après les rares chercheurs qui étudient le sujet, le phénomène est mondial, en croissance, et n’épargne pas la France, même s’il est difficile d’avoir des chiffres précis – cela peut monter à un tiers des étudiants dans certains pays. Les smart drugs, ce sont des médicaments destinés, à l’origine, à améliorer la vigilance, comme le Modafinil, prescrit à des personnes souffrant de narcolepsie, ou l'Adderall et la Ritaline, pour celles souffrant de trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité. 

Ces substances, dites "nootropes", modulent les niveaux de dopamine ou de noradrénaline dans le cerveau, ce qui facilite la transmission entre neurones. Elles ne sont normalement accessibles que sur ordonnance, mais il est facile de les obtenir sur Internet. 

Et c’est efficace pour les étudiants ? 

Non. Les chercheurs concèdent que la grande majorité des étudiants qui en ont consommé rapportent des effets positifs. Mais c’est pernicieux. Un test a été réalisé pour les trois principales substances, sur des participants confrontés à un problème d'optimisation – il s’agissait de remplir un sac avec des objets de masse et de valeur variées, de manière à maximiser la valeur. 

Ces psychostimulants augmentent bien la motivation, mais réduisent la qualité de l'effort, ce qui annule l'effet global, conclut le chercheur qui a mené l’étude. Les participants pensent faire mieux, parce qu'ils sont motivés, mais ce n'est pas le cas. Cela peut améliorer les résultats, sur des tâches où il suffit de tâtonner, mais ça ne fait pas mieux réfléchir ou apprendre. 

Il apparaît même que les meilleurs, à la base, deviennent moins bons. Bref, ce n’est pas une bonne idée, même si on a un petit coup de mou avant les examens.

Et il y a des effets indésirables ? 

Il peut y avoir des effets immédiats : nausées, maux de tête, perte d'appétit, insomnies, tachycardie. Mais les effets sur le long terme, chez des individus en bonne santé, restent méconnus. En particulier chez les jeunes, dont le cerveau est toujours en cours de développement. 

La prise régulière et soutenue de ces pilules peut même conduire à un déclin cognitif, et réduire le potentiel d'apprentissage, à court ou long terme, pointe une pharmacienne britannique. Le sujet reste peu étudié, mais elle prévient : "Cela va devenir un problème de santé publique".

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