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Les microbes et les bactéries se mettent à manger du plastique

Des chercheurs ont analysé plus de 200 millions de gènes trouvés dans des échantillons d'ADN prélevés dans l'environnement et ont trouvé 30 000 enzymes différentes, dont beaucoup d’enzymes nouvelles, qui digèrent le plastique. C’est la première évaluation mondiale à grande échelle de ce phénomène.

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
On déverse 9 à 14 millions de tonnes de plastique chaque année dans la nature, rien que dans les océans. 150 millions se sont déjà accumulés. (Illustration) (ANTON PETRUS / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

On le sait, on disperse beaucoup trop de plastique dans l’environnement, et cela ne s’arrange pas avec le Covid. À tel point que les microbes sont en train d’apprendre à s’en nourrir. Les explications de Mathilde Fontez, rédactrice en chef du nouveau magazine scientifique Epsiloon.

franceinfo : Cela ne s'arrange pas Mathilde avec la crise sanitaire que nous vivons, la nature et ses microbes sont en train de s'adapter et de se nourrir de ce plastique qui a tout envahi...

Mathilde Fontez : Oui, c’est le résultat assez incroyable d’une étude menée par une équipe suédoise. Les bactéries, les micro-organismes en général, semblent s’être adaptés pour manger le plastique que nous avons disséminé partout sur la planète, de manière massive. On rappelle les chiffres : on déverse 9 à 14 millions de tonnes de plastique chaque année, rien que dans les océans. 150 millions se sont déjà accumulés. 

Ces microbes digèrent le plastique ?

C’est tout à fait ça. Ils le dégradent avec des enzymes. Ce sont ces enzymes qui ont été recherchées par les scientifiques. De manière systématique, pour la première fois, à l’échelle du globe, sur 169 sites, dans 39 pays. Les chercheurs sont partis d’échantillons d’ADN déjà constitués, prélevés dans l’environnement. Ils ont traqué ces enzymes.

Et c’est peu de dire qu’ils en ont trouvé. Ils ont identifié près de 12 000 dans les océans. Et plus de 18 000 dans les sols. Et ce qu’ils trouvent, c’est que la quantité d’enzymes dépend du niveau de pollution. Il y plus d’enzymes là où il y a plus de plastique : en profondeur dans les océans par exemple, plutôt qu’en surface.

Surtout, 60% de ces enzymes n’appartiennent à aucune classe connue. Ce qui veut dire qu’il s’agit de nouvelles manières de décomposer le plastique : les microbes se sont adaptés pour inventer des substances qui dégradent nos déchets. Un organisme sur 4 a appris à le faire, d’après les chercheurs !  

En un sens, c’est plutôt une bonne nouvelle ?

Alors cela a un côté effrayant. Notre impact sur les écosystèmes va jusque-là, jusqu’à transformer totalement le métabolisme des micro-organismes. Mais oui, c’est aussi une aide pour se débarrasser du plastique.

Ces nouvelles enzymes vont être étudiées de près. Car de nombreuses équipes travaillent depuis des années déjà à trouver un moyen de digérer le plastique justement, pour le recycler. Et les micro-organismes, ou même les insectes sont étudiés pour ça. Sauf que jusque là, on ne connaissait que quelques dizaines d’enzymes capables de ça. Là, on change totalement de monde.

 >>> Retrouvez cette étude ici

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