Cet article date de plus de trois ans.

Le billet sciences. L'érosion du littoral

Alors que le projet de loi “Climat et résilience” est débattu à l’Assemblée nationale, l’érosion des côtes progresse, c'est une des nombreuses conséquences du réchauffement climatique. Cette menace est mondiale et tout particulièrement en Asie.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le littoral emporté par les vagues, conséquence du réchauffement climatique (illustration) (PHILIPPE LAMBERT / MAXPPP)

Les tempêtes successives rongent le littoral, l'érosion des côtes est constante. Le niveau de la mer monte, c'est l'une des nombreuses conséquences du réchauffement climatique. Une situation préoccupante sur nos côtes, mais pas seulement, la menace est mondiale.

Erosion du littoral, un enjeu majeur

Aujourd’hui, 27% de la population mondiale, soit 1,9 milliards de personnes, vit à moins de 100 km des côtes et à moins de 100 m au-dessus du niveau de la mer. Il y a urgence à les protéger de la montée des eaux et des fréquentes tempêtes violentes qui pourraient mettre en danger les habitats d’un million de Français.

Théophile Bongarts, chargé du projet Sea’ties de la plateforme Océan et Climat, explique que “sur les côtes des Landes, 1,7 mètres de plages disparaissent chaque année et ce chiffre monte à 2,5 mètres en Gironde.”

Outre l’érosion, ces remontées d’eaux dans les terres salinisent les sols et les rendent incultivables. Elles altèrent également les nappes phréatiques, sources d’eau potable. Un réel problème lorsque l’on sait que moins de 1 pour cent de l’eau sur Terre est disponible pour l’homme.

Élévation du niveau de la mer

Installés aux débuts de l’ère industrielle dans les ports d’Europe, les marégraphes ont montré qu’au 20e siècle, le niveau moyen de l’océan a augmenté de 17 centimètres.
Entre 1994 et 2018, ce rythme s’est même accéléré pour atteindre 8,5 centimètres sur cette période. Première cause, le réchauffement de l’atmosphère. Il est notamment responsable de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique.
Autre conséquence, la dilatation de l’eau sous l’effet de la température, qui, en chauffant, occupe plus de volume. Ainsi, une élévation d’un demi degré de l’eau le long des côtes entraîne une dilatation de la mer de 15 centimètres (l'eau, comme tous les éléments, se dilate quand on la chauffe, les océans se réchauffent, le niveau des mers monte).

Et tout ceci s’ajoute aux effets de l’urbanisme qui rend les sols imperméables.

Digues contre mangrove, repenser la protection du littoral

Au-delà des mesures d’atténuation qui consisteront à réduire le problème à la source en limitant le réchauffement climatique, il faut surtout s’adapter, ajuster les aménagements.
Sur ce point, il existe aujourd’hui une variété de méthodes pour faire face aux risques liés à la montée des eaux. Très utilisée pendant un temps, l’ingénierie classique consistant à construire des digues, des ports ou des jetées qui perturbent les courants, aussi appelées solutions grises, sont désormais critiquées.

À ce sujet, Théophile Bongarts, nous indique que l'on "s’est rendu compte que là où une digue était installée, effectivement la mer n’érodait pas. En revanche, elle érode un peu plus loin, dans la commune voisine, qui n’avait pas eu les moyens d’en construire une. On s’est aussi rendu compte que lorsqu’une vague vient frapper une digue qui protège une plage, en repartant en sens inverse, elle entraîne davantage de sable que lorsqu’elle déferle sur une plage.”

Désormais, nous privilégions les solutions inspirées du vivant, comme les récifs coralliens, qui peuvent absorber 90% de la force d’impact d’une vague, ou les mangroves, dont la résistance exercée par leurs racines et leurs tiges pourrait réduire de 75% l’énergie d’une vague ! Toutefois, il faudra quand même envisager, au niveau mondial, la relocalisation de villes entières, comme Jakarta, Bangkok ou Mumbai, une véritable épée de Damoclès pour des millions d’habitants.

Sur Terre, plus de 500 millions de personnes vivent à moins d'un mètre d'altitude. L'augmentation du niveau des mers va entraîner des migrations de population. On parle de réfugiés climatiques.

La mer est aussi source d’énergie

Cependant, autant la mer peut être dévastatrice, autant elle peut aussi être source d’énergie ! Qu’elle soit marémotrice, hydrolienne, houlomotrice, ou même thermique, l’énergie de la mer est renouvelable. Consciente de cette puissance, la France a été pionnière en construisant l’usine marémotrice de la Rance , en Bretagne, une solution qui fait école dans le monde pour transformer l’énergie des vagues en électricité.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.