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Le billet sciences du week-end. Oiseaux migrateurs, ça plane pour eux !

Aujourd’hui, samedi 8 mai, c'est la journée mondiale des oiseaux migrateurs.

Article rédigé par franceinfo, Gérard Feldzer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des sternes arctiques au coucher du soleil.  (ARCTIC-IMAGES / STONE RF / GETTY IMAGES)

Nous parlons beaucoup de migrations des humains dans le monde pour des raisons de guerre, de famine ou de sécheresse. Aujourd’hui, samedi 8 mai, à l’occasion de la journée mondiale des oiseaux migrateurs, c’est de migrations volontaires naturelles et ancestrales qu’il s’agit. 

Pour percer les mystères des oiseaux migrateurs, ceux qui voyagent en fonction des saisons, les chercheurs ont dû les observer longuement. Pourtant, aujourd’hui encore, ils ont beaucoup à nous apprendre, notamment sur la navigation ou sur la résistance physique. 

Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux explique que : “Pour beaucoup d’oiseaux, il y a 10 000 espèces en tout, c’est vraiment les records les plus exceptionnels que l’on puisse trouver dans le monde animal.”

Des sternes arctiques (Sterna paradisea). Ces oiseaux peuvent parcourir quelque 80.000 kilomètres par an. (WINFRIED WISNIEWSKI / THE IMAGE BANK RF / GETTY IMAGES)

Les oiseaux migrateurs, des performances surprenantes

Sur environ 600 espèces d'oiseaux terrestres qui nichent en Europe et en Asie, 40% migrent en automne. L’un des plus grands champions est la sterne arctique, un oiseau marin qui pèse à peine 100 grammes, mais qui peut parcourir quelques 80.000 kilomètres par an. Au cours de sa vie, c’est l’équivalent de quatre fois la distance terre-lune.

Certains, comme la barge rousse, sont même capables de franchir plusieurs milliers de kilomètres sans escale. Allain Bougrain-Dubourg ajoute : “C’est un oiseau qui part d’Alaska, et qui va rejoindre la Nouvelle Zélande sans escale. Ce sont 12 000 km en 11 jours”.

Photo d'une gravure originale représentant une barge rousse, tirée du livre "The History of British Birds" publié par Morris en 1853-1891. (MASHUK / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Et, que dire du passereau qui, avec ses 25 grammes, vole de l'Arctique à l’Afrique du Sud et du martinet noir, qui peut passer 10 mois de l’année dans les airs.  Une espèce surprenante, nous confie Allain Bougrain-Dubourg.  

Le martinet noir vit dans le ciel, boit comme un canadair, mange en attrapant des insectes en vol, se reproduit en vol et dort la nuit dans le ciel. Il ne va se poser que pour donner la vie.

Allain Bougrain-Dubourg

Cela veut donc dire que ces petits oiseaux passent plus de temps en vol qu’au sol.  

Des technologies élaborées chez des oiseaux qui pèsent quelques grammes

Être un oiseau migrateur, cela revient donc un peu à avoir une puce GPS avec une cartographie mondiale greffée dans le cerveau !  Pour se repérer, ces pros de la navigation utilisent tous leurs sens. Leurs yeux pour repérer les paysages, leur odorat pour identifier le milieu. De nuit ils naviguent aux étoiles et des cristaux métalliques d’oxyde de fer présents dans leur bec les aident à détecter les lignes de champ magnétique  !

Paola et Christian Moullec volent avec des bernaches à cous roux, une sous espèce d'oies.  (CHRISTIAN MOULLEC)

Les comportements migratoires : entre l’inné et l’acquis

La migration, c’est un ensemble de caractéristiques comportementales, physiologiques ou neurologiques. Chez les petits oiseaux, les recherches ont montré que la routine migratoire est inscrite dans le génome. Pour les plus gros, comme les oies, ce sont les parents qui transmettent la carte du ciel ! Un savant mélange de technologie, d’inné et d’acquis, comme l’expérimente Christian Moullec, ornithologue habitué à voler avec les oies. 

Pour que ces oiseaux puissent nous suivre en vol, il faut les élever comme le font leurs propres parents. Il faut vivre 24h sur 24 avec eux pour pouvoir faire en sorte qu’ils nous suivent sur des milliers de kilomètres. 

Christian Moullec, ornithologue

Et pourtant, ces espèces sont aujourd’hui menacées. Multiplication des obstacles sur leur trajet de migration habituel, destruction de leurs espaces de nidification et de reproduction, ou encore augmentation des pollutions, les causes de leur déclin sont nombreuses. 

Paola et Christian Moullec volent avec des bernaches nonnettes.  (CHRISTIAN MOULLEC)

Sur ce point, Christian Moullec mentionne la situation sur le continent européen. “Depuis 30 ans, l'Europe a perdu un tiers de ses populations d’oiseaux. 421 millions d’oiseaux ont disparu d’Europe à cause, évidemment, des pesticides et de la politique agricole commune.”

Le mépris porté à une faune agonisante s'apparente à un crime contre l'humanité, tant il est vrai que nous ne survivrons pas au crépuscule de la nature.

Allain Bougrain-Dubourg, président de la ligue pour la protection des oiseaux

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