Le billet sciences du week-end. Les animaux, des Hommes comme les autres ?
Ce samedi 6 février se tient la journée mondiale des intelligences animales. L’occasion de revenir sur les récentes découvertes qui ont bouleversé notre rapport au monde animal.
Si ce n’est que récemment que la question des intelligences animales a pris de l’ampleur dans la sphère publique, du côté des scientifiques cela ne date pas d’aujourd’hui. Notre cher Darwin, père de la théorie de l’évolution, évoquait déjà les facultés mentales exceptionnelles des mammifères. Il les comparait même à celles des Hommes.
Les animaux, ces êtres sensibles et "sentients"
En revanche, c’est pour le prouver, qu’il aura fallu attendre le XXIe siècle. Grâce aux recherches de scientifiques, tels que Jane Goodall, nous savons désormais que les animaux ne sont pas seulement sensibles, mais aussi "sentients". Astrid Guillaume, sémioticienne, maître de conférence à la Sorbonne et présidente fondatrice de la Société française de zoosémiotique, explique que "Le mot sentient relève de ce qui est de l’ordre de la conscience. C’est être conscient de son environnement, être en mesure d’évaluer les risques et les bénéfices, ou encore se souvenir de certaines actions et de leurs conséquences."
En clair, la sentience est plus dans la connaissance et le savoir, là où la sensibilité se situe dans la perception.
Astrid Guillaume, sémioticienne
Des formes d’intelligences et des sensibilités animalières multiples
Ainsi, nous découvrons que ce que nous pensions être réservé à l’Homme – avoir une conscience ou encore éprouver des sentiments comme la peur ou la douleur – serait aussi applicable aux animaux ! Par exemple, les pigeons pourraient assimiler des concepts abstraits comme la similitude, et les moutons seraient capables de garder le souvenir d'autres moutons ou de personnes humaines pendant au moins deux ans.
Si l’on dit souvent qu’il ne leur manquerait presque que la parole, là aussi les avancées scientifiques sont surprenantes.
Auparavant, le mot langage était exclusivement réservé à l’être humain. Cependant, dès lors qu’on l’étudie sous le prisme de la sémiotique, c’est-à-dire de l’expression de signes, de comportements, de traces et d’odeurs, alors on peut faire entrer les animaux en science des langages.
Astrid Guillaume
L’heure de repenser notre rapport aux animaux
Ces découvertes bousculent la conception même de nos rapports avec les animaux. S’ils sont légalement considérés comme des êtres sensibles, cette conscience de leur condition n’est pas encore prise en compte par le droit français. Alors qu’on ne cesse d’en apprendre plus sur leurs aptitudes, on continue de les enfermer et de les maltraiter.
Mais, le projet de loi renforçant la lutte contre la maltraitance animale adopté à l’Assemblée nationale vendredi 29 janvier, va peut-être changer cela. Loïc Dombreval, député et rapporteur de cette proposition de loi, nous raconte que "C’est une loi qui s’intéresse à deux grandes catégories d’animaux. La première, les animaux de compagnie que l’on croirait choyés dans les foyers, mais qui en réalité sont victimes de maltraitance et d’abandon. Enfin, la deuxième catégorie concerne la faune sauvage en captivité, tels que les dauphins ou les visons élevés pour leur fourrure."
À lire
- Journée mondiale des intelligences animales à la Cité des Sciences à Paris
- Société française de zoosémiotique
- Loi contre la maltraitance animale
- Institut Jane Goodall France
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