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La thérapie génique semblerait prête à éradiquer le sida

Une double thérapie, fondée sur l’utilisation de la technologie Crispr, vient juste de faire ses preuves chez la souris. Avec ces progrès, c'est une promesse de thérapie, qui serait à même d'éradiquer la maladie partout dans le monde, qui prend consistance.
Article rédigé par franceinfo - Hervé Poirier
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
La thérapie génique avance dans la lutte contre le VIH et le sida. 40 ans après le début de l'épidémie, des recherches et des essais sur les souris pourraient faire naître l'espoir d'une thérapie génique peu chère, pour éradiquer le virus de l'immunodéficience humaine dans le monde. (Illustration) (OBRADOVIC / E+ / GETTY IMAGES)

Hervé Poirier, rédacteur en chef au magazine Epsiloon, nous parle aujourd'hui d’une thérapie génique qui semble prête à éradiquer le sida. Quatre cas de rémission de VIH (virus de l'immunodéficience humaine), observés ces dernières années, fondés sur des méthodes beaucoup plus lourdes, démontrent que la stratégie fonctionne bel et bien chez l’humain. 

franceinfo : Encore une information sur la recherche sur le sida qu'il faut expliquer et sur laquelle il faut rester prudent ? 

Hervé Poirier : Oui bien sûr, mais on peut imaginer que quelques injections intraveineuses pourraient bientôt suffire à faire disparaître à jamais, toute trace du virus chez les malades du sida. Cette thérapie exploite une mutation naturelle, présente chez moins d'1% des Européens du Nord. La mutation code pour une protéine de la membrane des cellules qui constitue la porte d'accès principale du virus. Avec la forme mutée, le VIH bute sur un mur. Les rares personnes qui ont la chance d'en hériter sont donc naturellement immunisées.

Le principe de la thérapie consiste à injecter dans le sang des malades un virus anodin, qui va pénétrer dans le noyau des cellules – on vise surtout celles du système immunitaire. Grâce aux fameux ciseaux génétiques, CRISPR-Cas9, ce virus est programmé pour inscrire la mutation salvatrice, directement dans le génome du patient.

Et ça marche ?

Un premier essai clinique a démarré aux Etats-Unis à l'automne dernier, sur un seul patient. Et une équipe américaine vient de présenter un test qui va encore plus loin : le virus injecté permet non seulement de provoquer la bonne mutation, mais aussi de supprimer toute trace du sida dans le génome – rappelons que le sida s’insère dans l’ADN des personnes infectées, ce qui peut provoquer une réinfection.

Cette double thérapie génique semble efficace : quelques semaines seulement après l’injection, le virus était indétectable dans le sang de 58% des rongeurs. Et les chercheurs sont d’autant plus confiants, que l’apport de la mutation a déjà fait ses preuves sur 5 personnes, qui ont profité d’une transplantation de moelle osseuse. Sauf que cette dernière technique, très lourde, ne peut pas être généralisée à tous les patients. La thérapie génique, si. 

Modifier son génome pour se soigner, cela fait quand même un peu peur ? 

Cela ressemble un peu à de la science-fiction, mais c’est le principe des thérapies géniques. Et vous avez raison : il y a encore des interrogations sur l’innocuité, à long terme, de ces modifications génétiques. Mais cette thérapie pourrait changer la donne.

Nous sommes en fait à un moment charnière dans la lutte contre le sida. 40 ans après le début de l’épidémie, la recherche a fait des pas de géants. Les trithérapies sont de plus en plus efficaces. Des anticorps très puissants arrivent. Sauf que sur les 40 millions de personnes atteintes, 10 millions n’ont pas accès à ces traitements, en particulier en Afrique, du fait du manque de moyens et de structures. Peu chère, facile à mettre en œuvre, la thérapie génique pourrait, elle, vraiment fin à l’épidémie.

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