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Il y a 20 millions de milliards de fourmis sur Terre

20 millions de milliards de fourmis sur notre planète ! C’est 100 000 fois plus que le nombre d’étoiles dans notre galaxie. Il n'y avait jamais eu ce type de recherche avec un décompte fiable. Des recherches pour mieux comprendre leur écosystème. 

Article rédigé par franceinfo - Mathilde Fontez
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des chercheurs ont compté toutes les populations de fourmis, à l’échelle du globe. Ils ont découvert que près de 2/3 de ces fourmis - 61% - vivent dans les forêts tropicales humides et les savanes tropicales. (RUY BARBOSA PINTO / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

On va compter les fourmis, à l’échelle du globe avec Mathilde Fontez, rédactrice en chef du magazine scientifique Epsiloon. Des chercheurs ont compté ces insectes, à l’échelle de notre planète. Ils fournissent pour la première fois une évaluation précise de leur nombre.

franceinfo : Il y a 20 millions de milliards de fourmis sur Terre ? 
  

Mathilde Fontez : 20 millions de milliards oui. Ça donne le vertige. C’est 100 000 fois plus que le nombre d’étoile dans notre galaxie. Et les chercheurs assurent que c’est une "estimation prudente". Si on compte en biomasse, ça correspond à la biomasse combinée de tous les oiseaux sauvages, plus les mammifères. Et à 20% de la biomasse humaine.

C’est plus qu’on ne pensait ?

C’est plus oui, entre 2 et 20 fois plus que les précédentes évaluations. Mais en fait, jusque-là, il n’y avait jamais eu de décompte fiable. Les méthodes utilisées pour évaluer les populations de fourmis étaient des extrapolations, basées sur des méthodologies subjectives. Cette étude est la première à avoir fait le tri entre toutes les données collectées.

Les chercheurs, une équipe des universités de Hong Kong et de Würzburg en Allemagne, ont compilé 489 études, réalisées partout dans le monde, sur tous les continents. Y compris les décomptes qui avaient été publiés dans la littérature scientifique non anglaise, qui étaient jusque-là négligés.  

Il y a des surprises ? Les chercheurs s’attendaient à cette répartition des populations ?

Dans ce grand panorama, il y a d’abord des confirmations : par exemple, que les fourmis sont très peu nombreuses dans les écosystèmes urbains. Il y en a 6 fois moins que dans la savane. On trouve aussi que les populations s’alignent globalement sur les modèles de diversité d’autres organismes qui dépendent des fourmis, comme le fourmilier évidemment, ou l’oryctérope en Afrique, le pangolin en Asie.

Mais surtout, les chercheurs ont découvert que près de 2/3 des fourmis - 61% - vivent dans seulement deux biomes : les forêts tropicales humides et les savanes tropicales. On se doutait qu’il y en avait plus à ces endroits, mais pas à ce point : parce qu’ils constituent seulement 38% des surfaces terrestres habitées par ces insectes : Ça veut dire que la concentration en fourmis y est vraiment très très élevée.  

Ces chiffres permettent de comprendre ces écosystèmes…

C’est l’idée oui. Ces travaux, ce n’est pas seulement pour s’amuser avec des ordres de grandeurs. Même si on ne s’en prive pas : une petite règle de trois et on peut maintenant se dire qu’il y a 2,5 millions de fourmis pour chaque être humain. Mais bien sûr, cette évaluation mondiale va servir à mieux comprendre le rôle de ces insectes dans les écosystèmes. Les fourmis sont ce qu’on appelle un système modèle pour suivre l’évolution des populations d’insectes – elles sont partout, il y a près de 16.000 espèces décrites, et peut-être autant qui sont encore inconnues.

On sait qu’elles jouent un rôle central dans les écosystèmes : elles décomposent les nutriments, renouvellent le sol, distribuent les graines. Ce sont les ingénieures des écosystèmes. Et avec cette évaluation chiffrée, on va maintenant pouvoir suivre l’évolution des populations : comment elles changent, comment elles répondent à tous les maux modernes : la fragmentation des habitats, les espèces envahissantes, et bien sûr, le réchauffement climatique.      

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