La médaille du jour. Les oubliés du stade Krestovski
Le stade de Saint-Pétersbourg accueille mardi soir Russie-France. Sa construction a été émaillée de scandales.
Le stade Krestovski est la nouvelle vitrine du sport russe. Construit sur une île au coeur des beaux quartiers, il accueillera sept matchs de la prochaine Coupe du monde de football, dont une demi-finale. Mais son histoire est beaucoup moins reluisante.
La corruption fait exploser la facture
Les travaux débutent en 2006, avant même l'attribution de la Coupe du monde à la Russie. Le géant russe du gaz, Gazprom, propriétaire du club du Zénith Saint-Pétersbourg veut un écrin à la hauteur de ses ambitions. Les travaux doivent s'étaler sur deux ans et coûter un peu plus de 200 millions d'euros. Ils vont en fait durer onze ans. La facture finale n'a pas été établie officiellement mais elle est estimée entre 700 millions et 1,3 milliard d'euros. L'explication : la corruption à une échelle industrielle. Un exemple : en 2016, le vice-gouverneur de la ville est arrêté. Il devait fournir un tableau d'affichage pour le stade. Il aurait détourné près de 800 000 euros. Sans parler des problèmes de fuites d'eau et de pelouse moisie. Gazprom s'est d'ailleurs retiré du projet dès 2009.
Une main d'oeuvre surexploitée
Pourtant, pour limiter les dépenses, les Russes ont trouvé une solution : recruter des travailleurs d'Asie centrale et de Corée du Nord. Une main d'oeuvre docile, payée une misère. The Guardian a mené l'enquête. Selon le journal britannique, 190 Nord-Coréens ont travaillé sur le chantier, 11 heures par jour, 7 jours sur 7 d'août à novembre, les mois les plus cléments. En novembre 2016 l'un d'eux a même été retrouvé mort près du stade, victime d'une crise cardiaque. La FIFA a reconnu "les conditions épouvantables" de travail. Sans que cela ne change quoi que ce soit. Ces ouvriers sont les oubliés du stade Krestovski et de cette Coupe du monde qui s'annonce.
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