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Sur les traces de l'alchimiste Nicolas Flamel et de sa veuve fortunée, au XIVe siècle, à Paris

Chaque semaine, cet été, Philippe Gloaguen, directeur du "Guide du Routard", nous fait découvrir sa France secrète. Les anecdotes, les histoires cachées ou mystérieuses des personnalités étonnantes qui ont marqué un lieu, ou transformé un paysage.
Article rédigé par franceinfo - Philippe Gloaguen
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Illustration vintage de Nicolas Flamel et Pernelle, sa femme, d'après la peinture que ce célèbre écrivain avait fait exécuter à la fin du XVe siècle sous les charniers du cimetière des Innocents, à Paris. (DUNCAN1890 / DIGITAL VISION VECTORS / GETTY IMAGES)

Philippe Gloaguen, directeur du Guide du Routard, nous fait découvrir cet été, sa "France secrète", et nous emmène aujourd'hui à Paris. Voici l'histoire édifiante de Nicolas Flamel, l'alchimiste. Au 51, rue Montmorency, dans les anciennes halles, la maison de Nicolas Flamel est reconnue pour être l'une des plus anciennes de Paris. 

Né vers 1330, ce brave bourgeois était d'abord un écrivain public et copiste. Son métier lui offrit une certaine prospérité, mais c'est surtout son mariage avec Pernelle, deux fois veuve, qui lui apporta une véritable prospérité. Une fortune soudaine, que la rumeur amplifia, est à l’origine de cette mystification : était-il vraiment alchimiste ?

Avait-il trouvé le secret de cette pierre philosophale qui transformait les métaux en or ? II faut dire que son métier de copiste lui permit de traduire de nombreux livres anciens, écrits en latin. Très vite, dès que l'auteur était un savant incompréhensible ou un médecin aux traitements mystérieux, le bon peuple considérait tous ces auteurs obscurs comme des alchimistes.

Cette fortune a interrogé tout le monde 

En 1394, Charles VI chassa les Juifs de Paris. L'antisémitisme est une bêtise plus vieille qu'on ne croit. Nicolas Flamel, déjà assez fortuné, racheta à vil prix les créances des Juifs, condamnés à l'exode. Et là, super banco. Pour dissimuler cette fortune trop vite gagnée, mais de façon bien peu honorable, Nicolas Flamel se vanta alors d'avoir découvert la pierre philosophale, qui rendait les alchimistes si fortunés. Il arriva même, selon lui, à transmuter le mercure en argent.

Mais la guerre de Cent Ans provoqua une terrible crise économique et des famines terribles. Les fortunes rapides étaient suspectes, et plutôt mal vues. En prolongation de ses découvertes, il prétendit même avoir trouvé l'élixir de longue vie, qu'on appelait "l'or potable". Cet élixir de jouvence fut d'ailleurs fatal à Diane de Poitiers, maîtresse d'Henri II. Elle en buvait et elle en mourut.

Financement de fondations pieuses et rénovation de chapelles

Pour faire passer cette fortune considérable, il finança des fondations pieuses, la construction d'hôpitaux et la rénovation de chapelles. Pour étayer cette réputation d'alchimiste, il continuait à traduire des ouvrages d'alchimistes étrangers. Parfois, il n'hésitait pas à remplacer discrètement le nom de l'auteur par le sien.

Bien sûr, avec l'avènement de la chimie moderne au XIXe siècle, on se rendit vite compte que l'alchimie, comme l’astrologie, avait trompé des générations de naïfs pendant des siècles. Et pourtant, Nicolas Flamel eut un petit regain de notoriété puisqu'on parle de lui dans le film d'Harry Potter à l'école des sorciers. Sans oublier une rue Nicolas Flamel dans le 4e arrondissement. C'est déjà beaucoup.

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