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"On continue à se battre pour que ce gouvernement change de cap" (EELV)

Europe Ecologie les Verts fait sa rentrée ce jeudi avec ses journées d'été à Marseille. Trois jours de réflexion et de débats pour tirer le bilan d'un an de présence de ministres écologistes au gouvernement. Pascal Durand, le secrétaire national d'EELV répond aux polémiques.
Article rédigé par Jean Leymarie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Franceinfo (Franceinfo)

Alors que Noël
Mamère ne participera pas à ces journées d'été
car il pense qu'il y perdrait
son temps, le secrétaire national d'EELV, Pascal Durand lui répond que si près
de 2.500 personnes se sont inscrites sur un parti de 10.000 adhérents, c'est
que ces journées sont importantes. "Je n'ai pas envie de polémiquer. C'est
important qu'on se réunisse et qu'on débatte.
"

L'un des sujets
abordés pendant ces trois jours sera celui de la participation des ministres
écologistes au gouvernement. L'occasion d'un bilan au bout d'un an. Le
secrétaire national d'EELV a-t-il l'impression que les écologistes ont pesé sur
la politique du gouvernement ? Est-il satisfait de cette année ? 

"Personne ne
peut se dire satisfait quand on voit la situation de la France, le chômage, l'exclusion...
répond Pascal Durand. Nous sommes tous en train de chercher des solutions, de peser. Nous essayons de
d'apporter notre vision du monde au sein du gouvernement. Beaucoup aimeraient
que nous n'y soyons pas. Nous continuons à porter ce que veulent les
écologistes, à savoir des transitions pour la France, pour l'Europe, un nouveau
modèle. Ce n'est pas la position majoritaire notamment de nos partenaires mais
on essaye de faire bouger les lignes avec conviction et détermination
".

EELV veut peser sur les orientations gouvernementales

Pascal Durand ne
veut pas voir les ministres écologistes comme une vitrine pour le gouvernement. "Il y a une vraie volonté de faire mais c'est vrai que le logiciel classique
de la sociale démocratie, c'est le logiciel productiviste, en attente de la
croissance. Elle n'est plus au rendez-vous, il faut apprendre à vivre
autrement, repenser nos modes de production, nos modes de déplacement, nos
modes de consommation au sens large. Cela n'a pas encore été fait pour l'instant
mais on sent une inflexion. Le plan d'investissement d'avenir a été réorienté. On
rentre dans des logiques de conditionnaliser les aides selon les effets sociaux
et environnementaux.
"

Le secrétaire
national d'EELV attend beaucoup de la loi sur la transition énergétique qui
doit arriver à la rentrée avec la conférence environnementale du 20 septembre. Pascal
Durand attend plus de moyens pour l'écologie "car il faut savoir faire
des choix. C'est ça la politique. Nous ne sommes pas pour que la dette file car
ce sont les générations futures qui ne pourront plus avoir de politiques
publiques. Nous sommes pour que l'argent public soit bien affecté
".

Quitter le gouvernement ?

La question de la possibilité
de conditionner la présence des ministres écologistes au gouvernement aux
affectations budgétaires fait bondir Pascal Durand : "On fait systématiquement
de nous des observateurs de la vie politique alors que nous sommes des acteurs.
Nous sommes sur le terrain. On ne va pas se demander à chaque fois qu'on prend
un but si on va sortir ? On continue à se battre pour que ce gouvernement
change de cap, prenne en compte l'écologie. Nous sommes minoritaires dans cette
majorité, nous ne pouvons pas être en permanence dans le chantage et l'arrogance.
Il faut arriver à convaincre. Il va y avoir des arbitrages et des rendez-vous
très forts à la rentrée. Nous pouvons avoir des avancées fortes.
"

Parmi ces
arbitrages, celui qui concerne la fiscalité du diesel, la convergence
essence-diesel est prioritaire pour EELV. "Le diesel c'est 15.000 morts
par an. C'est une question de santé publique. On est dans un drame potentiel du
niveau de l'amiante. On a sur-subventionné le diesel. Il faut là aussi mettre
en œuvre tranquillement les transitions. Il n'y a pas de nécessité de faire ce changement
du jour au lendemain. Cette convergence doit se faire sur plusieurs années et
qu'on est le temps pendant ce temps là de relancer l'industrie automobile
française en faisant des véhicules essence sobres et construits en France.
"

"Le tout sécuritaire, ça ne marche pas".

Autre question qui
revient souvent pour EELV ces derniers temps, la relation avec Manuel Valls. En
invitant Chistiane Taubira, la ministre de la Justice avec laquelle on sait le
ministre de l'Intérieur plutôt en froid, on a l'impression qu'EELV a choisit
son camp. "C'est le cas parce qu'il est dommage que la gauche et le
ministre de l'Intérieur réfléchisse comme dans le vieux monde avec deux camps
qui s'opposent. Nous espérons que le ministre de la Justice et celui de l'Intérieur
vont arriver à travailler ensemble parce que le tout sécuritaire, ça ne marche
pas. Ce n'est pas une bonne réponse.
"

La candidature d'Eva Joly aux Européennes

D'un point de vue
politique interne, Eva Joly souhaite être candidate à la tête de liste pour les
élections européennes pour EELV. "C'est bien qu'elle ait fait part de sa
décision car cela faisait un moment qu'on était dans le doute mais il y aura d'autres
candidats et les militants choisiront. La campagne de la présidentielle n'a pas
permis de développer nos idées. Je sais que nous avons à nous remettre en cause,
Eva Joly comme tout le monde
", conclut Pascal Durand.

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