Cyclisme : qui est Mark Cavendish, le "sale gosse" du peloton qui annonce sa retraite à 38 ans ?

Mark Cavendish, le "bad boy" du peloton a profité de la journée de repos sur le Tour d’Italie, lundi 22 mai, pour annoncer sa retraite en fin de saison. Sprinter aussi génial que caractériel, ce n’est pas forcément un hasard, le Cav’, comme on l’appelle, avait des sanglots dans la voix, entouré de sa femme et de ses enfants pour annoncer, au lendemain de ses 38 ans, qu’il raccrochait. "Aujourd'hui c'est l'anniversaire de mon fils, et désormais je vais être présent pour chaque anniversaire, déclare-t-il lors de la conférence de presse. "C'est à mon tour de suporter ma femme et mes enfants  dans leurs compétitions de sport. Je veux pouvoir courir avec eux sans avoir peur de me belsser ou de tomber malade. L'année 2023 sera ma dernière année en tant que cycliste professionnel." 

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Son palmarès est éloquent avec 161 victoires au total, un titre de champion du monde, 34 victoires d’étape sur le Tour de France, 16 sur le Tour d’Italie et trois sur le Tour d’Espagne. C'est sans doute l’un des meilleurs sprinters de l’histoire.

L’histoire de ce pré-retraité britannique également mannois démarre sur l’île de Man où il nait en 1985. Mark grandit sur ce gros caillou de 50 km de long sur 20 de large situé au milieu de la mer d’Irlande. Il raconte que, gamin, à vélo, il perd face à tous ses copains qui sont tous en VTT, même sa mère se moque de lui, jusqu’au jour où pour ses 13 ans il lui demande un VTT et se met à battre tout le monde. Lui qui regarde le Tour de France chez lui a des photos de coureurs plein sa chambre, il ezst notamment fan de l’écossais David Millar qui, à cette époque, vient disputer une course sur son île. Le jeune Cav’ repart avec sa casquette, de nouvelles photos et une envie décuplée de devenir coureur. 

La piste avant la route

Ses première victoires n’ont pas lieu sur route, mais sur piste. Il est champion du monde à 20 ans. Champion de la course à l’américaine, qui est un type d’épreuve en duo sur piste. On est en 2005 à Los Angeles. C’est la première fois qu’il court avec ce partenaire, Robert Hayles et ils terminent avec un tour d'avance sur leurs concurrents. Sa première victoire sur le Tour de France, c’est à Châteauroux 2008. Le peloton découvre ce légendaire "double kick", cette capacité dans un sprint, à mettre un coup d’accélérateur à 250 mètres de l’arrivée, puis un deuxième, ce qui est rarissime.

De ses coups d’éclat, le peloton garde en mémoire mille histoires. Cyrille Guimard, l’ancien directeur sportif de Bernard Hinault, lui-même sprinter de son état garde le souvenir du  "sale gosse" certes mais également d'un coureur manipulateur. "En 2010, il provoque une très grosse chute dans les 50 derniers mètres d'une arrivée au sprint, raconte Cyrille Guimard. Des coureurs doivent être conduits à l'hôpital et le lendemain matin au départ, alors qu'il se fait un peu 'allumer' par d'autres coureurs, il crache par terre. Quelques temps après, alorsqu'il gagne la 5e ou 6e étape du Tour de France, il monte sur le podium et fait un numéro de grand sentimental. D'un seul coup, Mark Cavendish a des grosses larmes et tout le monde dit ce 'bad boy' a quand même des sentiments. À ce moment je me suis dit que les gars pris dans la chute devaiehnt quand même avoir les crocs quand ils l'ont vu chialer."

Mark Cavendish aurait pu être danseur

Faut-il être sale gosse pour gagner un sprint ? Cyrille Guimard, évidemment admiratif du champion d’exception, n’est pas loin de le penser. Mais comme, la fin de carrière approchant, le Cav’ semble s’être assagi ces derniers temps, peut-être faut-il s’inquiéter pour l’objectif qu’il s’est fixé pour cette dernière saison : une 35e victoire sur le Tour de France en juillet, ce qui lui ferait dépasser le record d’Eddy Merckx. Le sale gosse en tout cas a manifestement plus d’un rayon à son vélo. Dans le genre "jamais là où on l’attend", le Cav’ aurait aussi pu être danseur. Ado, il fait de la compétition au niveau national en danse de salon. À tel point que lorsqu’elle se fiance avec lui, Peta Todd, la Top Model qui se décrit elle-même comme "mal coordonnée avec ses longues jambes et ses pieds maladroits", elle imagine instantanément le fiasco que risque d’être la première danse de la soirée. L’histoire ne dit pas si ce fut effectivement un fiasco.

L’histoire retient en revanche que pour le mariage, le couple dit aux amis et à la famille : pas de cadeaux, plutôt des dons à "Help for Heroes" et "Right to Play". Un faux  "bad boy", donc, si l’on en croit également ses coéquipiers.  En 17 ans de carrière, Mark Cavendish aura aussi connu des moments très noirs, de dépression ainsi qu’un virus d'Epstein-Barr, et même, un braquage, chez lui, il y a deux ans.  Mark Cavendish se retruve roué de coups, couteau sous la gorge,  sous les yeux de ses deux enfants et de sa femme. Les deux agresseurs ont été condamnés à 12 et 15 ans de prison.  Sa carrière, il la termine chez Astana, l’équipe kazakhe de son ancien coéquipier Alexandre Vinokourov, Au journal italien, la Gazetta dello Sport, il expliquait cet hiver qu’il s’était toujours dit que, s'il existait un livre avec tous les plus grands cyclistes, il voudrait bien y être quelque part. On peut considérer que c’est acquis.