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Vous êtes plutôt Renzi ou Berlusconi ?

Un mot a retenu l'attention ce week-end, la "berlusconisation" qui menace la France. Une déclaration de Manuel Valls ce dimanche à Vauvert dans le Gard. Il s'est lui plutôt réclamé de Matteo Renzi. Décryptage.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Franceinfo (Franceinfo)

Ce néologisme, lâché par le Premier ministre lors de son discours sur la "gauche qui marche", prononcé dimanche à Vauvert en Camargue, démontre que, décidément, l’exemple de ce qu’il faut faire en matière de politique, et de ce qui ne faut surtout pas reproduire, nous vient d’Italie.

Renzi vs Berlusconi

Côté pile, c’est Matteo Renzi, celui qui ose tout et fait fantasmer un exécutif français qui a du mal à desserrer la cravate de la rigueur et à relancer un dialogue social à l’image de la météo estivale, à l’orage. Pénibilité, seuils, salaires, pacte de responsabilité, tout est sujet à fâcherie alors que la France est censée être en vacances. Et quand ça ne veut pas, la tentation est grande d’envier ce voisin décontracté qui redonne confiance à son pays. Ce n’est pas un hasard si Manuel Valls a pris à son compte hier la comparaison avec l’étalon italien.

 

Et côté face… C’est Silvio Berlusconi, incarnation transalpine de l’image dégradée de la vie politique et des affaires à répétition, lui qui n’a jamais cessé de jouer, en vain, le peuple contre les juges. Pour Manuel Valls, cette "berlusconisation", synonyme de "mise en cause des fondements de la République, de la justice et de l’état de droit dans le discours politique", nous guette. Allusion à l’interview télévisée dans laquelle Nicolas Sarkozy s’en est pris aux magistrats, ramenant le débat public à son feuilleton judiciaire permanent, comme le faisait jadis le Cavaliere.

Les vieux clivages remontent à la surface 

Comparaison peu flatteuse pour l’ancien président. D’autant plus que pour l’instant, les enquêtes menées tous azimuts n’ont rien donné, ou si peu. Mais le débat politique n’en est pas moins agité. Le retour de Nicolas Sarkozy divise, y compris son propre camp. Il était assez savoureux de voir Jean-Louis Debré, le président du Conseil Constitutionnel, rappeler à l’ordre l’ancien président de la République, à qui il reproche d’avoir porté atteinte à "un des fondements du vivre ensemble et de la République". Alain Juppé est sur le même registre, quand il a appelé à ne pas "vilipender" la justice. Ce qui lui a valu le tacle virulent d’Henri Guaino, qui s’est dit fatigué des "leçons" de l’ex-Premier ministre. Il y a le feu partout.

 

Les vieux clivages remontent à la surface. Et le retour de Nicolas Sarkozy au tout premier plan électrise de nouveau la vie politique nationale. François Hollande bénéficie au passage d’un soutien chiraquien inattendu. "Berlusconisation" ou pas, ce climat très agité ne va pas réconcilier les Français qui partent en vacances avec une classe politique qui ne s’accorde aucun répit.

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