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Union européenne : les centristes ont "la foi"

Les élections européennes ont lieu dans trois semaines. Les centristes se sentent pousser des ailes.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Ils
sont enthousiastes. Plus l'Europe est attaquée, plus
elle est vilipendée, plus ils la défendent. Pour eux, l'Europe n'est pas une
honte. C'est une fierté.

"Nous, nous avons la foi ! (...) Nous
ne sommes pas des flageolants, nous sommes des solidaires
 ". Voilà ce que
disait encore François Bayrou, mercredi soir, à Lyon. Les centristes étaient en
meeting, et pour l'occasion, le président du MoDem a retrouvé ses accents
lyriques de la présidentielle. Des accents lyriques, et même religieux.
Il a la foi, François Bayrou.

Pour
lui, il ne faut pas moins d'Europe. Il en faut beaucoup plus. Les socialistes
veulent renégocier le traité de Maastricht ? L'UMP parle de suspendre les
accords de Schengen ? Les centristes balaient ces arguments. Ils veulent que
l'Europe soit plus intégrée, que les impôts et les règles sociales soient vite harmonisés.
Et ils n'ont pas peur des symboles. Le MoDem et l'UDI proposent que les
citoyens élisent directement, au suffrage universel, le président de l'Union
européenne.

Chez les centristes, l'Europe
est une vieille tradition...

Mais cette fois, ils pensent qu'ils ont vraiment une carte à jouer. Ils
regardent le paysage politique autour d'eux. A part les écologistes, sur l'Europe,
aucun grand parti n'est à l'aise.

Prenez
l'UMP. Le parti de Jean-François Copé a enfin réussi à s'entendre. Pour les
européennes, le programme a été adopté à l'unanimité. Mais il est très prudent.
Il n'est ni souverainiste, ni fédéraliste. Histoire de ne fâcher personne... Ça n'empêche
pas les désaccords. Henri Guaino a déjà prévenu qu'il ne voterait pas pour son
parti. Quant à Laurent Wauquiez, il a semé la pagaille en proposant le retour
de l'Europe à six.

Si
vous prenez le PS, ça ne va pas mieux. Là aussi, officiellement, il y a une
seule ligne, pour une Europe plus sociale. Mais en réalité les fractures de
2005 n'ont jamais été réparées. 2005, c'était le référendum sur une
constitution européenne. Les socialistes s'étaient déchirés. François Hollande
militait pour le "oui". Les électeurs, et une grande partie de la
gauche, avaient dit "non".

Les
centristes vont donc essayer de se faire une place, en profitant de toutes ces ambiguïtés.

**** Et en s'attaquant à un bulldozer. Ce bulldozer, ce n'est ni l'UMP, ni le PS, ni
le Front de gauche. C'est le Front national, le parti qui veut pulvériser l'Europe,
qui veut ratatiner la Commission. Le secrétaire général de l'UDI,
Jean-Christophe Lagarde, le résume en deux mots : les "euroconstructeurs"
face aux "eurofossoyeurs".

Le combat sera difficile. Les sondages annoncent d'excellents résultats au Front national
et des scores beaucoup moins importants pour l'Alternative, l'alliance des
centristes, qui est créditée de 8 à 12 % des voix. Mais le MoDem et l'UDI y
croient. Ils partent rassemblés. En 2009, le parti de François Bayrou s'était
effondré. Il avait fait beaucoup moins bien qu'en 2004. Les écologistes lui
avaient pris des voix. François Bayrou veut croire que cette année, ce sera
différent. Il a... la foi. 

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