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Un parfum de sinistrose dans l'air

L'affaire de Minute a permis à la majorité de resserrer les rangs. Mais les politiques se sentent désarmés face à la colère sociale qui monte.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (©)

Christiane Taubira,
avec des mots justes, est venue souligner hier soir au 20h de France 2 l'extrême violence du climat politique actuel.
La garde des sceaux, comparée à un singe par l'hebdomadaire d'extrême-droite, a
certes reçu de très nombreux soutiens. "Mais il aura quand même fallu un
temps de réaction, les premières attaques contre elles sont passées relativement
inaperçues et n'ont pas suscité de tollé"
, fait remarquer un proche soutien
de Jean-Marc Ayrault. Tout simplement parce que, selon lui, "un certain
nombre de choses, et le racisme en fait partie, se sont banalisées ces derniers
mois".
La majorité fait bloc autour de la ministre de la justice, pour
défendre le pacte républicain, mais le cœur n'y est plus. Ce qui remonte du
terrain est tout simplement inquiétant. 

C'est ce que confirme la synthèse alarmiste des préfets révélée
par le Figaro.

La société française y est décrite comme étant à bout de nerfs, en proie
à la crispation, voire la colère. Cette vague de fond  n'est pas une simple bourrasque passagère cantonnée
à la seule Bretagne, le mal serait bien plus profond. Les élus de tous bords
sont habités par un sentiment d'impuissance. Un responsable socialiste évoque
une peur panique face à l'absence totale d'une perspective de sortie de crise.
La rage antifiscale se répand dans tout le pays, avec dans la ligne de mire les
hausses de TVA prévues le 1er janvier. Juste avant les municipales. La
déflagration s'annonce terrible. 

La majorité est vraiment à cran ?  

"Quand tu es en
dépression, tu es d'humeur irritable, tu manques de sommeil  tu as le sentiment que tout va mal, voilà ce
qui nous arrive
", ironise un chef socialiste. Pourtant, "les
textes sont votés, ce sera le cas du budget, nous sommes dans une bulle
négative, ça finira bien par se calmer
", observe Jean-Jacques Urvoas. Le président de la
commission des lois de l'Assemblée met en garde contre une
surinterprétation du climat ambiant : "Les institutions sont
solides",
dit-il, "malgré le mécontentement qui monte. Personne n'a
intérêt à ce que ça dure". 

Toute la classe politique trinque ?  

Cela dépasse les frontières du seul Parti socialiste. C'est un signe : les
cotes des personnalités politiques de droite comme de gauche stagnent dans le
dernier baromètre que publie Le Point, voire même reculent, à l'image de Marine
le Pen, constate Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos. Personne
au fond ne profite réellement de la chute vertigineuse de François Hollande dans
l'opinion. Une sorte de déprime générale s'est installée dans les têtes,
couplée à une défiance croissante des politiques. Certains d'entre eux accusent
les médias d'entretenir la sinistrose. Ce n'est pas encore le Grand soir, mais
le pays y va inexorablement, si aucun signal n'est envoyé et rien ne se remet
d'aplomb d'ici là.

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