Taxe 75 % et foot : Hollande plus Leonardo que Leonarda
La 75%, c'est
un peu l'application Smartphone personnelle du président. Quand il en ressent
le besoin, quand une partie de l'opinion l'accuse de dérive libérale, de
connivence avec le Medef, de renoncement sur les promesses de campagne, il
prend son téléphone, il appuie sur la touche rouge 75% : "CLIC",
et il parle en direct à la gauche. C'est très pratique.
Genèse.
Nous
avons tous a oublié la genèse de cet improbable impôt qui ne va rapporter qu'un
peu plus de 400 millions d'euros en deux ans, c'est-à-dire pas grand-chose. Il
est vrai qu'aujourd'hui, avec un demi-milliard, "t'as plus rien". C'était
un soir de déprime électorale, le lundi 27 février 2012, en pleine émission Paroles
de candidat sur TF1. Une de ces dates qui vous font vous interroger, façon
11 septembre, sur le mode " que faisiez-vous ce jour-là ". François
Hollande, en plein faux-plat dans une campagne qui ne décollait plus, a frappé
un grand coup en improvisant devant une Laurence Ferrari médusée, cet impôt
nouveau, qui allait taper les trop-riches au portefeuille, et réduire les
inégalités en France d'un coup de baguette fiscale. "Ce que je n'apprécie
pas, ce sont les richesses indécentes, qui n'ont rien à voir avec le talent ou
l'intelligence, le scandale des stocks options, bref, tout ce qui fait que les
Français sentent une injustice ", avait martelé le candidat Hollande,
dupliquant presque à l'identique un argumentaire de son prédécesseur, qui avait
lui-même détourné le discours de la gauche populaire afin de capter l'électorat
ouvrier.
Et ça
a marché ?
Oui, un carton !
La campagne a décollé, même si son spécialiste des questions budgétaires, un
certain "Jérôme C.", Jérôme Cahuzac appelé alors à un grand avenir,
était tombé de sa chaise en découvrant ce qui allait devenir une patate chaude.
Sa gestion tumultueuse aura débouché sur la première grande reculade
gouvernementale en matière de fiscalité. La 75%, détricotée en décembre dernier
par le Conseil Constitutionnel, est devenue un machin de Bercy, baptisé "taxe
exceptionnelle de solidarité sur les hautes rémunérations versées par les
entreprises", avec au final, à la louche, un millier de millionnaires
concernés, un taux ramené à 50%, et des échappatoires toujours possibles pour les
gros revenus les plus malins. Mais l'essentiel est ailleurs. Cet impôt éphémère
– sa durée de vie, en principe, est de deux ans-, permet au président de parler
au bon peuple de gauche. Et ça, ça n'a pas de prix !
François
Hollande est sûr d'emporter l'adhésion aujourd'hui ?
Tout est
dit dans l'enquête Tilder-LCI-OpinionWay d'il y a une semaine : 85%
des Français - soit une écrasante majorité- sont favorables à ce que la taxe magique
s'applique aux très hauts revenus des clubs de football. Les supporters veulent
bien se saigner pour aller voir des matches à prix d'or, mais un petit retour
sur investissement ne les dérange pas. De plus, le président est lui-même un aficionado
du ballon rond. S'il tient tête aux dirigeants de clubs, la presse pourra enfin
écrire qu'il aura "fait preuve de fermeté". Et qu'il aura été
meilleur sur Leonardo que sur Leonarda.
Vous
pouvez nous refaire un petit coup d'appli ?
Vous
appuyez sur la touche 75%, "CLIC", et vous parlez à la gauche... Vive
le numérique.
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