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Second tour : veillée d'armes au gouvernement

Les municipales ne sont pas encore achevées que la guerre de succession à Matignon est déjà enclenchée.
Article rédigé par Jean-François Achilli
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
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Manuel Valls, Laurent Fabius
et Jean-Marc Ayrault sont entrés dans un combat médiatique qui a déjà enjambé le deuxième tour des municipales. Aucun
d'eux ne sait ce que François Hollande va décider.

Le premier veut prendre
d'assaut la forteresse Matignon : le ministre de l'intérieur, donné favori
chez ses collègues ministres, mais pas pour la verte Cécile Duflot, qui n'en
veut pas, consulte en boucle, discute et laisse dire. L'un de ses proches a
lancé à un élu socialiste à Solferino : "Tu sais, Manuel va être
Premier ministre la semaine prochaine, il ne laissera pas le parti dans cet
état".

Laurent Fabius, lui, la joue
gros chat qui ne s'intéresse pas à la souris. Mais il lui mettra la patte
dessus si elle passe à côté.

Le patron du Quai d'Orsay, heureux
aux affaires étrangères, répète qu'il a déjà donné à Matignon, il y a trente
ans. Mais qui peut dire jamais ?

Reste Jean-Marc Ayrault, qui
fait donner ce qu'il peut, et qui s'accroche à l'idée que chef de l'Etat ne va
pas sacrifier l'homme le plus loyal de son gouvernement, toujours fidèle, ça
n'a pas de prix. Mais François Hollande peut-il vraiment le garder après le
désastre ?

Il va remanier, oui, mais quand ?

Lundi, mercredi, la semaine
suivante, avant fin avril. Le président, comme à son
habitude, ne dit rien à personne. Surtout pas aux trois intéressés. Ni sur la date, ni sur la
nature du changement.

Les affidés de chaque camp
bombardent d'infos "de source sûr e" les journalistes que nous
sommes, et nous font tourner comme des toupies. François Hollande, pendant ce
temps, peaufine la déclaration qu'il prononcera la semaine prochaine, après la
Bérézina du deuxième tour.

"Il est calé sur l'idée
d'un changement de gouvernance
", confie l'un de ses soutiens. Il va
revoir l'organisation au sein-même de l'Elysée, à Matignon bien sûr, à la tête
du parti. Et mise sur un gouvernement très resserré, une vingtaine de
ministres, pas plus,  avec des
portefeuilles plus cohérents. Chacun d'entre eux aura le temps d'ici aux
Européennes de nommer des secrétaires d'Etat ciblés. Parmi les noms des nouvelles
recrues qui circulent, ceux de Ségolène Royal et de Bertrand Delanoë semblent
crédibles, ajoute ce proche du président, qui résume d'un mot le critère de
sélection : compétence. Sympa pour les sortants.

En attendant, il y aura le choc de dimanche soir.

"Ce sera un moment de
décomposition
", prédit un dirigeant socialiste, la mine sombre. La droite
avait perdu 90 villes de plus de neuf mille habitants en 2008. La gauche risque
de dépasser les 100, pour atteindre 110 voire plus, s'inquiètent les experts du
PS les plus pessimistes. Il ne reste guère plus que le bastion de Paris qui
doit tenir coûte que coûte, pour que l'édifice de la gauche au pouvoir ne
s'effondre pas tout entier.

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